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LA THÉORIE DES MARÉES ET L’ASTROLOGIE

ment noble, qui est l’orbe, mouvement qui émane de ces corps et qui agit en toutes choses.

» Ainsi le déluge qui a eu lieu sur terre et dont il parle n’a pas eu d’autre cause que la conjonction des étoiles dans le signe des Poissons ; le vent qui, dans Hadramoth, a fait périr les nations est dû à la conjonction de ces étoiles dans les Gémeaux ; la peste qui a désolé la terre de Lamen a été engendrée par la conjonction dans le signe de la Vierge. Il en est de même de tous les faits qui se produisent au moine ut des réunions et des conjonctions, de ce que font sous nos yeux la chaleur et l’opération du Soleil.

» L’opération de la Lune se manifeste par la crue des fleuves, par la maturation des fruits, par l’accélération imprimée aux naissances de certaines choses, par l’accroissement et la plénitude d’autres choses.

» De même, lorsque la Lune se lève, quelle que soit l’heure du jour et de la nuit, si quelque fleuve, dans le pays où se produit ce lever de la Lune, se jette à la mer, on voit la mer s’étendre au point que le fleuve rebrousse chemin vers les lieux d’où il vient. Puis, lorsque la Lune atteint le méridien de ce pays, l’eau de la mer revient en arrière et retourne à sa forme première. Lorsqu’ensuite la Lune commence à se coucher, l’eau commence à s’étendre de nouveau, jusqu’à ce que l’astre passe au méridien inférieur ; lorsqu’il atteint le méridien inférieur, l’eau se met à diminuer, tout comme elle se met à croître lorsque la Lune veut se lever.

» Le sens de la vue nous montre que les choses se passent toujours de cette manière. »

Au xiie siècle, la littérature arabe nous fournit, au sujet des marées, trois textes que lira la Chrétienté latine. De ces trois textes, le premier est la Théorie des planètes d’Al Bitrogi. AL Bitrogi se distingue de tous les auteurs que nous avons cités, car il ne met pas le flux et le reflux sous la dépendance du mouvement de la Lune. Nous avons reproduit[1] le peu qu’il dit des marées ; il n’est point utile que nous en donnions ici un nouvel exposé.

Nous n’avons pas, d’Averroès, un commentaire étendu sur le Traité des météores d’Aristote. Nous avons seulement une paraphrase sommaire que les traducteurs ont intitulée : Expositio media. C’est dans cette Exposition moyenne que le Commenta-

  1. Voir Ch. XI, § VI, t. II, pp. 154-155.