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LA THÉORIE DES MARÉES ET L’ASTROLOGIE

Frères de la Pureté nous l’affirment ; tous les sages s’accordent à regarder l’Alchimie comme une dépendance de l’Astrologie ; et, depuis de longs siècles, Alexandre d’Aphrodisias s’est chargé de nous montrer que la Physique péripatéticienne voulait qu’il en fût ainsi.

Mais au gré de cette Physique, au gré des Physiques professées par les Stoïciens et les Néo-platoniciens, l’empire des astres n’était pas borné au monde des substances minérales ; il embrassait aussi le monde des corps vivants. L’Astrologie n’imposait pas seulement ses lois à l’Alchimie ; elle les étendait également à la Physiologie et à la Médecine. C’est ce que nous allons voir.


XII
LES PRINCIPES DE L’ASTROLOGIE APRÈS POSIDONIUS (suite).
LA NATURE DE LA LUNE SELON PLUTARQUE.
LES ACTIONS PHYSIOLOGIQUES DE LA LUNE.

Si l’âme d’origine divine peut, par la mort ou l’extase, quitter le domaine où règne l’inexorable destin, le corps humain, même uni à l’âme inférieure, reste soumis à l’inflexible règle. Son sort est écrit d’avance par les astres, que ces êtres soient causes de ce sort ou qu’ils en soient seulement signes.

Le langage par lequel les astres annoncent les biens et les maux qui doivent affecter les corps, il importe grandement aux hommes de savoir les déchiffrer ; il leur faut, pour cela, connaître les diverses propriétés des astres, les sympathies et les antipathies qui les rendent favorables ou défavorables aux diverses choses sublunaires.

Les astres, en effet, ne sont plus, pour les diverses sectes qui ont succédé au Péripatétisme, formés de cette cinquième essence immuable, sans analogie avec la substance des éléments, qu’Aristote leur avait attribuée. Les Stoïciens ont rejeté de leur Cosmologie l’hypothèse de cette essence céleste et les Néo-platoniciens ont imité les Stoïciens ; revenant à la pensée de Platon, ils ont admis que las astres étaient formés de feu ; ce feu, sans doute, est plus pur que tous les feux allumés sur terre, mais il est, cependant, de même essence.

La distance mise par le Péripatétisme entre la nature des astres et la nature des éléments sublunaires s’est trouvée, par là, grandement diminuée. Mais, parmi les corps célestes, il en est un que,