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LA THÉORIE DES MARÉES ET L’ASTROLOGIE

Chaldéens ou à ceux qui en prenaient le nom, on demanda de lire, dans les astres, les signes qui prédisent l’avenir.

Proclus nous apprend[1] que Théophraste, le disciple chéri et le successeur d’Aristote, avait composé, au sujet de l’Astrologie chaldéenne, un livre intitulé : Sur les signes (Περὶ σημείων).

« Théophraste, écrit Proclus, nous dit que les Chaldéens de son temps possédaient, à ce sujet, une théorie digne de la plus grande admiration ; cette théorie prédit tout événement, la vie et la mort de chaque homme ; elle ne prévoit pas seulement les effets généraux comme le beau et le mauvais temps, à la façon dont l’étoile de Mercure, lorsqu’elle est d’une nature brillante, signifie le mauvais temps… Théophraste dit donc, dans son livre Sur les signes (Περὶ σημείων), que, par les choses célestes, les Chaldéens connaissent d’avance tous les événements, les événements particuliers comme les événements généraux. »

Au moment où l’Astrologie trouvait, auprès des Grecs, la faveur qu’ils accordaient si volontiers à toute doctrine nouvelle, le Stoïcisme naquit. De suite, il fit alliance avec la prétendue science des Chaldéens.

« La prédiction par les horoscopes[2] et la croyance à la puissance divine des étoiles étaient assez nouvellement importées de la Babylonie en Grèce lorsque le Stoïcisme parut, mais, dès ce moment, elles font fureur ; on les trouve sur tous les points du monde hellénistique ». Écoutons Cicéron[3] :

« Dicéarque le péripatéticien, qui ne veut pas de la divination en général, a admis celle qui nous vient des songes et de la démence inspirée. Mon ami Cratippe, que j’estime à l’égal des premiers Péripatéticiens, a ajouté foi aux mêmes moyens de prévoir l’avenir, tout en rejetant les autres genres de divination. Quant aux Stoïciens, ils les ont presque tous défendus ; Zénon, dans ses écrits, a, pour ainsi dire, répandu des semences que Cléanthe a fait croître quelque peu ; survint Chrysippe, homme d’un esprit très pénétrant ; il a développé, en deux livres, la théorie complète de la divination ; il a, en outre, publié un livre sur les songes et un autre sur les oracles ; Diogène de Babylone, qui avait été l’auditeur de Chrysippe, a publié un livre sur ces questions, Antipater, deux, et notre Posidonius, cinq. Mais un prince de la doctrine stoïcienne, un disciple d’Antipater, le maître

  1. Procli Diadochi In Platonis Timaeum commentaria. Edidit Ernestus Diehl. Lipsiœ, MCMVI ; vol. III, p. 151.
  2. É. Bréhier, La Cosmologie stoïcienne à la fin du Paganisme (Revue de l’Histoire des Religions, 3e année, 1911, t. LXIV, p. 3).
  3. M. T. Ciceronis De divinatione lib. I, cap. IV.