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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

fixes d’Aboul Hhassan, Alphonse X revient à l’hypothèse d’un mouvement de précession, toujours de même sens, et exempt de toute trépidation.

Enfin, la version latine des Tables Alphonsines version dont la date et l’auteur sont également inconnus, mais qui parvint aux mains des astronomes parisiens pendant les dernières années du XIIIe siècle, admet l’existence simultanée d’un mouvement de précession, toujours dirigé d’Occident en Orient, dont 49.000 ans est la période, et d’un mouvement de trépidation dont la période dure 7.000 ans.

À qui faut-il attribuer cette transformation essentielle du système admis en la construction des Tables Alphonsines originales ? Elle semble bien avoir été faite du vivant d’Alphonse le Sage, qui vécut à Séville jusqu’en 1284. Fut-elle accomplie sous sa direction ? Fut-elle, du moins, connue de lui et eut-elle son aveu ? Ce sont questions auxquelles il semble impossible, actuellement, de donner une réponse.

Peut-être est-il plus aisé de deviner les motifs qui ont entraîné l’assentiment des auteurs de cette transformation.

Chacun des deux systèmes admis jusque-là, celui de la précession et celui de la trépidation, leur semblait présenter, à la fois, un important avantage et un grave inconvénient.

Des observations répétées avaient prouvé que l’obliquité de l’écliptique diminuait sans cesse ; ce fait s’accordait fort bien avec le système proposé au traité De motu octavæ sphæræ, tandis que la théorie de Ptolémée attribuait à l’écliptique et à l’équateur des positions invariables.

D’autre part, le système de l’accès et du recès imposait une borne à la marche de la sphère étoilée vers l’Orient ; or cette borne allait être atteinte et, cependant, la vitesse de la marche directe des étoiles fixes ne tendait nullement vers zéro ; visiblement, ce mouvement allait encore, pendant de longs siècles, se poursuivre d’Occident en Orient, comme le pensait Ptolémée.

Les astronomes devaient souhaiter qu’un système nouveau gardât, à la fois, tous les avantages des deux systèmes anciens, tout en évitant l’inconvénient auquel achoppait chacun d’eux. Le moyen propre à construire un semblable système s’offrait, pour ainsi dire, de lui-même ; il consistait à admettre en même temps et à composer entre elles les deux hypothèses qui, jusque-là, avaient été proposées à l’exclusion l’une de l’autre. Déjà le Liber de elementis attribué à Aristote composait une précession continuellement dirigée vers l’Orient avec un mouvement d’accès et de recès :