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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

d’Alexandrie qui sont entre la mer Rouge et la mer d’Assem[1] ; il en serait de même des villes de Rome, de Byzance et de beaucoup d’autres villes dont l’histoire remonte loin dans le passé.

» Or nous ne voyons pas que la mer ait jamais été plus proche ou plus éloignée de ces villes qu’elle ne l’est aujourd’hui ; rien de ce qui nous est parvenu de nos ancêtres dans les histoires des royaumes, rien de ce que nous avons des traités des savants qui ont écrit sur la mer et les pluies, ne nous montre que la mer ait été autrefois plus rapprochée ou plus éloignée de ces villes qu’elle n’est aujourd’hui. Ce que nous avons dit en ce traité entraîne donc la destruction manifeste et complète de la théorie qui supposait le changement de lieu de la mer à la surface de la terre ; l’erreur de ceux qui croyaient à ce changement est en évidence. »

L’auteur du De proprietatibus elementorum attribue à la précession des équinoxes la durée que lui a attribuée Ptolémée, et non pas la période beaucoup plus courte qu’Al Battani proposera de lui donner. De l’hypothèse d’Al Battani, il ne dit pas un mot. Il est permis de supposer, d’après cela, qu’il écrivait avant cet auteur, c’est-à-dire, au plus tard, au début du xe siècle.

Or, avant d’exposer la loi du mouvement des étoiles fixes qu’il adopte après Ptolémée, le Pseudo-Aristote écrivait ceci : « Ou bien le phénomène en question est une conséquence de celui qu’enseignent les auteurs Atalasimet : L’orbe des signes a un mouvement d’accès de sept degrés suivi d’un recès de huit degrés ; par ce mouvement, il parcourt un degré tous les 80 ans. Le phénomène en question se reproduit donc tous les six-cent-quarante-trente-trois ans (omnibus sexcentis annis et quadraginta triginta tribus). Ici je doute et cite cette opinion à titre d’exemple. »

Ce texte porte des marques non douteuses d’altération ; la plus frappante est fournie par les mots dénués de sens que nous avons cités en latin.

Albert le Grand, qui a commenté le De proprietatibus elementorum, les réduit à ceux-ci[2] ; « In 640 annis. » Le mouvement se faisant à raison d’un degré en 80 ans, cette durée est celle que requiert un mouvement de , et non l’oscillation complète, qui était cependant le phénomène visé par le livre du Pseudo-Aristote.

Albert attribue l’hypothèse qu’il examine « aux auteurs d’Altasimec, c’est-à-dire Des images des signes ». Partant, ces auteurs du livre Atalasimet ou Altasimec ne peuvent être que ces aucto-

  1. La mer d’Assem est le nom arabe de la Méditerranée.
  2. B. Alberti Magni Liber de causis proprietatum elementorum, lib. I, tract. II, cap, III.