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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

le mouvement des étoiles fixes, nous vovons ces deux influences conduire à l’adoption du système de l’accès et du recès, sous la forme même où Théon d’Alexandrie nous l’a fait connaître.

La lecture des livres indiens devait, en effet, conduire les astronomes arabes à recevoir ce mouvement alternatif plutôt que la révolution, de sens invariable, qu’avaient adoptée Hipparque et Ptolémée.

Les astronomes indiens paraissent avoir connu, tout d’abord, le mouvement de précession de sens invariable que leur avaient révélé les écrits des Grecs[1], ceux d’Hipparque ou ceux de Ptolémée ; mais, bientôt, ils abandonnèrent cette doctrine pour attribuer à la sphère des étoiles fixes un mouvement oscillatoire.

Dans sa toute première rédaction, le Soûrya-Siddhânta ne tenait peut-être aucun compte du phénomène de la précession des équinoxes[2] En tous cas, une rédaction ancienne ne connaissait qu’une précession de marche uniforme, dont la mention se trouve conservée en deux passagesdu traité[3] ; elle y est évaluée grossièrement et en nombres ronds à un degré en 60 ans.

La théorie de la marche oscillatoire de la sphère céleste a été introduite, après coup, en deux distiques du Soûrya-Siddhânta, lors de la rédaction définitive de l’ouvrage[4] ; cette rédaction qui est certainement, nous l’avons vu en l’article IV[5], antérieure à l’an 500, date vraisemblablement du ive siècle de notre ère.

Tout en adoptant la théorie des astrologues grecs postérieurs à Hipparque, le Soûrya-Siddhânta apporte diverses modifications aux constantes du mouvement oscillatoire.

Pour les astrologues grecs, le centre du mouvement oscillatoire était l’étoile μ des Poissons ; le traité indien suppose[6] que le mouvement s’effectue de part et d’autre de l’étoile ζ de la même constellation.

Les astrologues grecs s’étaient bornés à attribuer à la sphère céleste une oscillation de de part et d’autre de la position

  1. Toutes les connaissances des Indiens sur la précession des équinoxes leur viennent de la Science hellénique (Th. H. Martin, Mémoire sur cette question : La précession des équinoxes a-t-elle été connue, avant Hipparque ? Ch. VI, §§ 1 à 4 : pp. 150-178) — Les renseignements qu’on va lire, touchant la théorie de la précession des équinoxes chez les Indiens, sont empruntés à ce même mémoire, ch. VI, § 5, pp. 179-188.
  2. The Soûrya-Siddhânta translated by Burgess with notes of Whitney ; New-Hawen, Connecticut, 1860. — Opinion soutenue par M. Whitney, pp. 100-105.
  3. Soûrya-Siddhânta, III, 9 et XII, 89. — Cf. Th. H. Martin, loc. cit., pp. 180-181.
  4. Soûrya-Siddhânta, III, 10-12.
  5. Vide supra, pp, 212-213.
  6. Soûrya-Siddhânta, note de M. Whitney, p. 211.