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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

La Table Hakémite nous l’enseigne encore au sujet des observations qui ont pu justifier cette réaction : « Dans ce même chapitre VIII, dit Caussin[1], Ibn Iounis rapporte deux observations faites par les Perses, postérieurement à Ptolémée, qui ont servi à reconnaître le mouvement de l’apogée du Soleil que Ptolémée croyait immobile. Par la première de ces observations, qui remonte à l’an 470 environ, ère vulgaire, l’apogée du Soleil fut trouvé dans 17° 55′ des Gémeaux ; et par la seconde, 160 ans environ après, 630 ère vulgaire, dans 20° des Gémeaux ».

Mais assurément, la supposition que l’apogée du Soleil se déplace et que son mouvement suit exactement le mouvement attribué par Ptolémée aux étoiles fixes, est antérieure à la dernière de ces observations, et peut-être aussi à la première. Les astronomes indiens, en effet, l’admettaient avant l’an 500 de notre ère ; nous allons en avoir l’assurance par la lecture de Massoudi, qui écrivait en 943, et d’Albyrouny qui écrivait en 1031.

Massoudi, avec les Indiens dont il nous rapporte les opinions[2], fait remonter l’origine de l’Astronomie à Brahma, qu’il nomme Brahman et qu’il représente comme le premier roi de l’Inde. « Sous son règne, dit-il, la sagesse prit le dessus, et les savants occupèrent le premier rang. On représenta dans les temples les sphères célestes, les douze signes du Zodiaque et les autres constellations… Ce fut alors que les savants réunis composèrent le Sindhind, titre de livre dont la signification est le Temps des temps. »

Le Sindhind ou « Siddhânta dont il s’agit ici, dit Reinaud[3] est le Soûrya-Siddhânta ».

« Albyrouny[4] ne s’explique pas sur l’époque de la rédaction du Soûrya-Siddhânta, le traité fondamental de l’Astronomie indienne ; il se contente de dire que Lat en fut le rédacteur. Pour les Indiens, ils attribuent la composition de cet ouvrage à un personnage appelé Maya, ou plutôt à un disciple de Maya ; et en effet, Maya est cité par Varâha-Mihira comme un des pères de la Science. Varâha-Mihira ayant vécu à la fin du ve siècle[5], la composition

  1. Ibn Iounis. Le livre de la grande table Hakemite (Notices et extraits, t. VII, p. 234).
  2. Reinaud. Mémoire géographique, historigue et scientifique sur l’Inde, antérieurement au milieu du XIe siècle de l’ère chrétienne, d’après les écrivains arabes, persans et chinois, p. 324 (Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XXVIII, Deuxième partie, 1849 ; pp. 1-399).
  3. Reinaud, loc. cit., p. 324.
  4. Reinaud, loc. cit., pp. 332-333.
  5. Varâha-Mihira florissait en l’an 504 de notre ère (Reinaud, loc. cit., p. 337).