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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

» La sphère enveloppante tourne autour de la terre exactement en 21 heures ; la sphère des étoiles fixes accomplit sa révolution en un temps un peu plus long…

» Si, parmi les étoiles fixes, on en prend une qui se trouve dans le méridien d’un certain lieu de la terre, elle se trouve, au jour suivant, d’un dixième de seconde en arrière de ce méridien[1] ; elle accomplit, sur le Zodiaque, une révolution en 36.000 ans. »

Ainsi l’existence d’un neuvième ciel dénué de tout astre est admise par les Frères de la Pureté aussi nettement qu’elle l’était par les Alexandrins, d’Origène à Jean Philopon. De plus, à la révolution des étoiles fixes, nos philosophes attribuent la durée même que lui attribuaient Ptolémée et Al Fergani.

Ils écrivent en outre[2], dans leur trente-cinquième traité :

« En 3.000 ans, les étoiles fixes, les apogées et les nœuds des astres errants changent de signe et parcourent finis les degrés d’un signe. En 9.000 ans, ils se déplacent d’un quadrant. En 36.000 ans, ils accomplissent leur révolution en parcourant tous les signes. » C’est encore l’enseignement d’Al Fergani que nous reconnaissons

Le traité d’Al Fergani renferme une remarque qui devait attirer l’attention sur lui fait astronomique d’une haute importance, savoir la lente diminution qu’éprouve l’inclinaison de l’écliptique. Voici cette remarque[3] :

« L’arc du grand cercle passant par les pôles, qui se trouve compris entre chacun des points tropiques (solstices) et l’équateur, est l’inclinaison du Zodiaque sur l’équateur. Selon ce qu’a trouvé Ptolémée, cette inclinaison vaut 23° 51′, le cercle comprenant 360°. Mais selon l’observation que Jean, fils d’Al Mansour4[4], fit au temps du kalile Al Mamoun, elle est de 23° 35′[5] ; un grand nombre de sages s’accordent à admettre cette évaluation. »

  1. La traduction de Dieterici (loc. cit., p. 38) porte : une seconde (mit der 2ten Minute des Grades).
  2. Fr. Dieterici, Die Lehre des Weltseele bei den Arabern in X. Jahrhundert ; Leipzig. 1872 ; p. 68.
  3. Al Fergani, Op. Cap. V : De duobus primis motibus qui sunt de motibus celi, quorum unus est motus totius, quo dies et noctes fiunt, ab oriente ad occidentem, et alter est stellarum quem videntur habere in orbe signorum ab occidente ad orientem.
  4. C’est-à-dire Iâhia (Abou Ali) ben Abou Mansour.
  5. Le nombre de minutes est laissé en blanc dans le manuscrit que nous avons consulté ; il est marqué dans bon nombre d’autres manuscrits (Cf : Delambre, Histoire de l’Astronomie du Moyen-Âge ; Paris, 1819 ; p. 63 et p. 65). Mais le nombre 23° 35′ semble dû à une erreur de copiste. Les autres auteurs qui nous ont renseignés sur cette observation de Iâhia ben Abou Mansour ont tous donné le nombre 23° 33′ (Cf. : Al Battani Opus astronomique, éd. Nallino, pars I, pp. 157-159).