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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

Origène, Théon d’Alexandrie, Thémistius, Macrobe ont admis l’enseignement de Ptolémée au sujet de la précession des points équinoxiaux.

Il s’en faut bien que cette confiance en la théorie de Ptolémée ait été partagée par tous les astronomes grecs ; certains d’entre eux ont résolument nié le mouvement qu’Hipparque et l’auteur de l’Almageste avaient attribué aux étoiles fixes ; de ce nombre est Proclus le Diadoque.

En deux de ses écrits, le Commentaire au Timée de Platon, et le Tableau des hypothèses astronomiques ou Hypotypose, ce philosophe néo-platonicien a très vivement attaqué la supposition que les étoiles fixes eussent un mouvement distinct du mouvement diurne. Dans le remarquable mémoire que nous avons cité à plusieurs reprises, Th. H. Martin a réuni[1] les divers textes où sont formulées ces attaques,

L’Hypotypose est un exposé résumé, mais très fidèle, de l’Astronomie d’Hipparque et de Ptolémée ; Proclus ne contredit a l’opinion de ces deux grands astronomes qu’au sujet de la précession des équinoxes ; s’il s’écarte de leur avis à ce sujet, c’est par respect pour l’antique science des Égyptiens et des Chaldéens qui, selon lui, eussent assurément découvert ce phénomène s’il était réel.

Voici d’abord en quels termes[2] le Diadoque pose le problème du mouvement lent des étoiles fixes : « L’observation des étoiles nommées fixes, et qui le sont réellement, ne laissa pas que de leur causer des embarras, » dit-il en parlant des astronomes grecs ; « car ces étoiles, d’après les observations, paraissaient se trouvera des distances tantôt plus grandes et tantôt plus petites des pôles du Monde, et semblaient occuper tantôt une position, tantôt une autre, comme si ces étoiles avaient des mouvements semblables à ceux des astres que tout le monde regarde comme errants, et que ces mouvements se fissent autour d’un pôle autre que celui du Monde ».

Nous le voyons[3] ensuite présenter l’opinion des astronomes qui distinguent l’année sidérale de l’année tropique parce qu’ils

  1. Th. H. Martin, Mémoire sur cette question : La précession des équinoxes a-t-elle été connue… avant Hipparque ? Ch. II, § 2.
  2. Hypothèses et époques des planètes, de C. Ptolémée, et Hypotyposes de Proclus Diadochus, traduites pour la première fois du grec en français par M. l’abbé Halma ; Paris, 1820. Hypotyposes de Proclus Diadochus, philosophe Platonicien, ou Représentation des hypothèses astronomiques, pp. 69-70. — Procli Diadochi Hypotyposis astrnomicarum positionum. Edidit Carolus Manitius. Lipsiæ MCMIX, p. 14.
  3. Proclus, Op. laud., éd. Halma, pp. 87-88 ; éd. Manitius, pp. 66-67.