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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

signes, un petit mouvement qui est uniforme autour du centre du Zodiaque ; par les phénomènes actuels, on s’aperçoit que cette progression est, pour chaque planète, presque de la même quantité que celle dont progresse la sphère des étoiles fixes, c’est-à-dire d’un degré en cent ans. »

« D’après ces observations [relatives à Mercure], disait-il encore[1], et des comparaisons pareilles qui ont été faites pour les autres astres, nous avons trouvé que les diamètres qui passent par les apogées et les périgées des cinq planètes ont une certaine progression suivant l’ordre des signes, autour du centre du Zodiaque, et que cette progression se fait dans le même temps que celle de la sphère des étoiles fixes ; car celle-ci, suivant ce que nous avons démontré, est d’environ en cent ans, et ici le temps écoulé depuis les antiques observations, où l’apogée de Mercure était dans les , jusqu’à nos observations, où il s’est trouvé avancé de à très peu près, puisqu’il est maintenant dans les 10°, embrasse l’espace de 400 ans. »

Pour le Soleil, Ptolémée adopte une tout autre opinion. Après avoir rappelé comment Hipparque avait, placé l’apogée solaire 24° 30′ avant le solstice d’été, il ajoute[2] : « Nous trouvons à présent encore que ces temps et ces rapports sont toujours les mêmes à très peu près ; ce qui nous prouve que le cercle excentrique du Soleil garde toujours la même position relativement aux solstices et aux équinoxes ».

Cette opinion de Ptolémée est gravement erronée ; non seulement l’apogée solaire se meut, par rapport aux points équinoxiaux, dans le meme sens que les étoiles fixes, c’est-à-dire d’Occident en Orient, mais il se meut plus rapidement que les étoiles fixes ; il décrit annuellement, sur l’Écliptique, un arc de 61″8, tandis qu’une étoile zodiacale décrit seulement un arc de 50″ ; la différence de ces deux nombres, soit 11″8, représente le mouvement propre annuel de l’apogée. Il faut environ 26.000 ans à une étoile zodiacale pour parcourir entièrement l’écliptique ; le même parcours est accompli par l’apogée solaire en un peu moins de 21.000 ans (exactement 20.984 ans).

  1. Claude Ptolémée, Op. laud., livre IX, ch. VII ; trad de l’abbé Halma, t. II, pp. 171-172 ; éd, Heiberg, Θ′, ζ′, pars II, p. 269.
  2. Claude Ptolémée, Op. laud., livre III, ch. IV ; trad de l’abbé Halma, t. I, pp. 184 ; éd, Heiberg, Γ′, δ′, pars II, p. 233.