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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

ans, le retour à un point de même longitude se fait à la même heure.

» Quant au temps de l’anomalie, après lequel le Soleil revient au point le plus éloigné de la Terre, où il paraît le plus petit et le plus lent dans son mouvement vers les signes suivants, ou bien après lequel il revient au point le plus voisin de la Terre, où il paraît avec le plus grand diamètre et la plus grande vitesse, il est à peu près de 363 jours 1/2, de sorte qu’au bout de deux ans, le Soleil revient à la même distance à la même heure. »

Les astronomes ont donné le nom donnée anomalistique à l’intervalle de temps qui s’écoule entre deux passages successifs du Soleil soit à l’apogée, soit au périgée. Il est bien vrai que l’année anomalistique surpasse l’an née tropique, car l’apogée et le périgée se déplacent par rapport aux points équinoxiaux ; ils décrivent l’Écliptique d’un mouvement de rotation uniforme dirigé de l’Occident vers l’Orient.

Mais l’excès de l’année anomalistique sur l’année tropique est seulement de 24min59sec6 ; Théon attribuait à cet excès une valeur de six heures, suit une valeur 14 fois trop forte. Si l’on eût admis son évaluation, l’apogée eût parcouru tout le Zodiaque, d’un solstice au même solstice, en 1.461 ans ; il emploie en réalité, à faire cette révolution, une durée de 20.984 ans.

Géminus, dans l’ouvrage que nous possédons de lui[1], ne nous parle point des planètes ni, partant, de leurs apogées ; le Soleil, selon lui, parcourt un cercle excentrique au Monde dont l’apogée se trouve en la constellation des Gémeaux ; mais il ne nous dit point s’il croit cet apogée immobile ou s’il lui attribue quelque mouvement.

Ainsi les astronomes qui ont précédé Ptolémée semblent avoir professé des opinions fort discordantes touchant le mouvement de l’apogée et du périgée du Soleil et des cinq planètes.

Pour les cinq planètes, Ptolémée soutenait la même opinion que Pline : il admettait que le périgée et l’apogée de chaque planète éprouve, par rapport aux points équinoxiaux, un déplacement sensiblement égal à celui qu’éprouvent les constellations zodiacales, de telle sorte que ce périgée et cet apogée gardent des positions invariables par rapport aux étoiles fixes.

« Les apogées des excentriques, disait-il[2] font, selon l’ordre des

  1. Table chronologique des règnes,… Apparition des fixes, de Claude Ptolémée, Théon, etc., et Introduction de Géminus aux phénomènes célestes, traduites par M. l’abbé Halma ; Paris, 1919 Géminus, Introduction aux phénomènes célestes, ch. I. pp. 11-12.
  2. Claude Ptolémée, Syntaxe mathématique, livre IX, ch. V ; trad. de l’abbé Halma, t. II. p, 158 ; éd, Heiberg, Θ′, ε′, pars II, p. 252.