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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

pas autour de ceux de l’équateur ; c’est-à-dire qu’ils ne se font pas autour de ceux du premier mobile. »

Ce premier mobile qu’anime le mouvement diurne, Ptolémée l’assimile-t-il à une sphère creuse, dénuée d’astre, ainsi qu’on le fera constamment après lui ? Outre les sept orbes des astres errants et l’orbe des étoiles fixes, comptera-t-il un neuvième orbe ? Il ne semble pas qu’il ait, dans l’Almageste, explicitement formulé cette hypothèse. Il paraît[1] réduire le premier mobile à une simple ligne, à un grand cercle tracé sur l’ultime surface de l’orbe des étoiles fixes et passant par les pôles du Monde et par les pôles de l’Écliptique.

Au contraire, dans ses Hypothèses des planètes, Ptolémée admet formellement[2] l’existence de cette neuvième sphère, de cette « sphère motrice de la sphère des étoiles fixes ».

Le mouvement du premier mobile se transmet à tous les orbes qu’embrasse ce grand cercle ou cette sphère, en sorte que le mouvement réel de chacun de ces orbes se compose du mouvement diurne et d’un mouvement propre.

En est-il de même du mouvement qui vient d’être attribué à la sphère des étoiles fixes ? Ce mouvement se transmet-il ou non aux orbes que la huitième sphère enferme en son sein ? Pour parler plus précisément, l’excentrique qui règle la marche de chacun des astres errants est-il invariablement lié au premier mobile et dénué de tout mouvement autre que le mouvement diurne ? Suit-il, au contraire, la sphère étoilée qu’animent à la fois le mouvement diurne et le mouvement découvert par Hipparque ?

Les prédécesseurs de Ptolémée avaient, semble-t-il, choisi ce dernier parti. Du moins, Pline l’Ancien considérait-il[3], pour chaque astre errant, la ligne des absides, qui passe par l’apogée, le périgée et le centre du Monde, et enseignait-il que cette ligne garde une direction fixe par rapport aux étoiles, il est vrai que Pline ne faisait presque aucune allusion au phénomène de la précession des équinoxes ; malgré son admiration pour Hipparque, il semble qu’il ait méconnu ce phénomène ou qu’il l’ait regardé comme douteux.

Adraste d’Aphrodisias partageait la même opinion en ce qui concerne le Soleil ; c’est, du moins, ce qu’il nous est possible de

  1. Claude Ptolémée, Op. laud., livre I, ch. VII ; éd. Halma, t. I, p. 24 ; éd. Heiberg, Α, η′, pars I, pp. 26-27.
  2. Claudii Ptolemaei Opera quæ exstant omnia. Volumen II. Opera astronomica minora. Edidit J. L. Heiberg. Lipsiæ, MDCCCCVII, Ὑποθέσεων τῶν πλανομένων Β′. Ex Arabico interpretatus est Ludovicus Nix, p. 123.
  3. C. Plinii Secundi De Mundi historia, lib. II, cap. XVI.