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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

étoiles fixes ouf un mouvement d’ensemble qui se compose de deux rotations, la rotation diurne d’abord, puis une rotation uniforme, d’Occident en Orient, autour d’un axe normal au plan de l’Écliptique.

Par cette rotation, la distance entre le point équinoxial de printemps et une étoile située sur le Zodiaque varie comme si le point équinoxial s’avançait sur le Zodiaque dans le sens du mouvement diurne ; d’où le nom de mouvement de précession des équinoxes donné au mouvement découvert par Hipparque.

La découverte d’Hipparque entraînait une bien importante conséquence touchant le sens qu’il convient d’attribuer à ces mots : Durée d’une année.

Au moment où le Soleil franchit le point équinoxial de printemps, marquons l’étoile qui coïncide avec ce point. Lorsque le Soleil, avant parcouru l’Écliptique, repassera au même point équinoxial, il n’y retrouvera plus la même étoile : grâce au mouvement découvert par Hipparque, elle aura avancé d’une petite quantité vers l’Orient ; le Soleil ne l’atteindra que quelque temps après qu’il aura franchi le point vernal ; l’année sidérale, période au bout de laquelle le Soleil revient à la même étoile, est un peu plus longue que l’année tropique, intervalle de temps qui sépare doux passages successifs du Soleil au même point équinoxial.

Quelle est la durée à laquelle il convient réellement d’attribuer le nom d’année ? Est-ce l’année tropique ou l’année sidérale ? En tous cas, quelle est exactement la longueur de chacune de ces deux années ? Telles sont les questions nouvelles que la découverte d’Hipparque posait aux astronomes. Ces questions venaient préciser, mais en le compliquant, le grave problème de la détermination de l’exacte durée de l’année. La fixation du calendrier et l’étude de la précession des équinoxes seront désormais, pour les efforts des astronomes, deux objets invariablement liés l’un à l’autre.

Cette conséquence de sa découverte, Hipparque l’avait aperçue tout d’abord. « La première recherche à faire dans la théorie du Soleil, dit Ptolémée[1], c’est celle de la longueur de l’année ; nous apprenons par les travaux des Anciens leurs différentes opinions et leurs doutes à cet égard, et surtout par ceux d’Hipparque qui, plein d’amour pour la vérité, n’a épargné ni recherches ni travaux pour la trouver. Ce qui le surprend le plus, c’est qu’en comparant les retours du Soleil aux points solsticiaux et équinoxiaux,

  1. Claude Ptolémée, Op. laud., livre III, ch. II ; trad. de l’abbé Halma, t. I, p. 150 ; éd. Heiberg, Γ’, α’, pars I, pp. 191-192.