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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

des changements dans sa longitude, ou bien dans sa latitude, ou bien enfin dans ses deux coordonnées ; de bonne heure, les astronomes avaient reconnu que ce système de coordonnées était commodément adapté à l’étude du mouvement des astres errants.

La détermination de la longitude et de la latitude d’une même étoile à deux époques différentes permettra donc de savoir si cette étoile est uniquement animée du mouvement diurne ou si quelque autre mouvement se compose, en elle, avec celui-là.

C’est précisément ainsi qu’Hipparque, en la 50e année de la troisième période de Calippe (129 avant J.-C.), découvrit le mouvement très lent qu’il faut combiner avec le mouvement diurne pour obtenir le déplacement véritable des étoiles fixes par rapport à la terre.

« En effet[1], quand Hipparque, dans son traité Du transport des points solsticiaux et équinoxiaux, citant quelques-unes des éclipses de Lune, tant de celles qui ont été bien observées de son temps, que de celles qui l’avaient été avant lui par Timocharis, marque 6 degrés pour la distance où, de son temps, l’Épi était du point équinoxial d’automne, vers les points précédents, et 8 degrés environ pour sa distance du même point, au temps de Timocharis, voici comme il raisonne : « Si, par exemple, au temps de Timocharis, l’Épi précédait le point équinoxial d’abord de 8 degrés, en suivant la longitude des constellations du Zodiaque, et que maintenant, il le précède de 6 degrés seulement, etc… » Il conclut de la comparaison de presque toutes les étoiles qu’il a examinées, qu’elles avaient un semblable mouvement, suivant l’ordre des signes. »

Hipparque, donc, observa que l’Épi de la Vierge, dont, la longitude était 172° à l’époque de Timocharis, avait, de son temps, une longitude de 174°. Il n’observa, d’ailleurs, aucune variation dans la latitude de la même étoile[2]. Il en conclut qu’entre l’observation de Timocharis et la sienne, l’Épi de la Vierge avait éprouvé, indépendamment de ses multiples révolutions diurnes autour de l’axe du Monde, une rotation de environ, d’Occident en Orient, autour de l’axe de l’Écliptique. Les mêmes remarques peuvent être faites au sujet des autres étoiles, en sorte qu’en son traité De la longueur de l’année, le grand Astronome bithynien put formuler, bien qu’avec quelque hésitation[3], la loi suivante : Les

  1. Claude Ptolémée, loc. cit.. ; éd. Halma, t. II, pp. 10-11 ; éd. Heiberg, pars II, pp. 12-13.
  2. Claude Ptolémée, Op. laud., livre VII, ch. III ; éd. Halma, t. II, p. 15 ; éd. Heiberg, Ζ’, γ’ pars II, p. 18.
  3. Claude Ptolémée, loc. cit.