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PHYSICIENS ET ASTRONOMES. — I. LES HELLÈNES

ligne droite et du cercle. Mais, s’il en est ainsi, ce corps qui tient, en quelque sorte, le milieu entre les deux autres, ne sera ni éternel ni périssable ; c’est dire la même chose que si nous disions : Il n’est ni périssable ni non-périssable, ni éternel ni non-éternel. Alors se trouverait vérifiée une contradiction. Ou bien une partie de ce corps sera périssable, tandis que l’autre partie ne le sera pas ; mais de cette manière encore, le tout ne pourra pas être éternel, car la destruction du premier de ces deux éléments combinés entre eux aura pour effet de dissocier la continuité du tout.

» Mais ce serait là grand délire et fiction fabuleuse de l’imagination. Il n’y a pas de corps qui soit naturellement porté par un mouvement enroulé en spirale. Tous les corps qui sont au-dessous de la Lune sont graves ou légers ; ceux qui sont graves sont portés de haut en bas et ceux qui sont légers de bas en haut. Quant aux corps célestes, chacun d’eux est mû suivant un cercle absolument parfait, soit en sa totalité, soit par ses parties ; par ses parties, j’entends le Soleil, la Lune et autres corps du même genre.

» Hors de ces corps-là, où pourrait-on montrer un corps qui, par nature, se mût en spirale ? Dira-t-on que le cours du Soleil ou de quelque autre planète décrit une spirale ? Mais à quiconque est versé dans ces sortes de choses, il apparaît clairement que, seule, notre pensée forge une figure de ce genre, en composant les mouvements différents de plusieurs corps célestes. En effet, le mouvement des étoiles errantes est double ; d’une part, elles sont toutes entraînées par la sphère inerrante qui tourne suivant l’équateur ; d’autre part, chacune d’elle tourne de son mouvement propre suivant ce cercle qu’on appelle cercle oblique ou Zodiaque. Notre pensée compose ces deux mouvements, d’une part la conversion diurne que le Soleil accomplit avec tout l’Univers, d’autre part la déviation oblique qu’il subit peu à peu, par rapport à l’équateur, tantôt vers le Nord et tantôt vers le Sud ; alors, en notre imagination, elle combine la spirale en question. Et cependant, en son cours, chacun des corps célestes parcourt un cercle absolument parfait.

» Au-dessous même de la Lune, il arrive que nous voyions un corps mû d’un mouvement spiral, par suite de la figure de l’espace au sein duquel le mouvement est produit, comme cela a lieu lorsqu’on gravit des escaliers en Colimaçon ; ou bien encore, il arrive que nous voyions un corps se mouvoir ainsi par quelque tendance qui lui est propre ; nous n’oserions dire, cependant, que ce mouvement soit naturel à ces corps. Les buccins et les pour-