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fois, de douleur en douleur, la même plainte élue.

Carré a beaucoup de cris, bien variés, et il ne dit pas la même chose pour le moment où l’on enlève les compresses et pour le moment où l’on passe la pince.

Au fort de l’épreuve, il s’exclame :

— Oh ! la douleur du genou !

Puis, quand la douleur s’épuise, il hoche la tête et répète :

— Oh ! le malheureux genou !

Quand la cuisse entre en scène, il s’exaspère :

— C’est cette cuisse maintenant !

Et il redit cela, sans arrêt, de seconde en seconde. Alors on passe à la plaie survenue sous le talon, et Carré commence ;

— Mais qu’a-t-il donc, ce pauvre talon ? Enfin quand il est las de chanter, il halète doucement, régulièrement :

— Ils ne savent pas ce qu’il me fait mal, ce misérable genou… Ils ne savent pas ce qu’il me fait mal…

Lerondeau, qui n’est et ne sera jamais qu’un petit garçon à côté de Carré, est fort pauvre en fait de cris. Mais, comme il entend son ami se plain-