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Et il y a la grande patrie, celle qui s’avance vers les siècles de l’avenir avec sa figure avide de gloire. La terre, travaillée en tous sens, où les morts tiennent conseil, s’entraîne vers les possibles. Quels fruits en jaillissent, et faune et flore ! C’est prodige des yeux et nourriture des corps.

Couché, en rêve, sur le sable de ton fleuve, j’évoque le passé dans ce vent qui agite les arbres ; je trempe mes doigts de fièvre dans le flot qui vient mourir sur la grève. Je tends l’oreille — comme le chasseur qui guette le gibier rare. Moi, je ne suis qu’un chasseur d’images et fouetté par les vents imaginaires, je vis dans ce rêve qui est la réalité de ton histoire. Je recrée le passé pour qu’il réchauffe ma vieille âme. Ce fleuve chante le poème initial. Ce dur poème où, sur la glèbe encore inviolée, marchèrent jadis les héros et les saints.

Ruban de pourpre déroulé sous mes

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