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VERS LES SOMMETS

comme premier consul. Que dis-je ? Il gouverne seul !

Mes opinions ont évolué dans plus d’un domaine. Touchant le beau sexe, elles se sont radicalement modifiées. Aujourd’hui, je sais que l’homme, s’il reste dans le monde, a tort d’y vivre seul. Le penseur qui a dit que le mariage est « l’union de deux inconnus vers l’inconnu » a fait une boutade. C’était un désabusé que la Providence avait mal servi. Je dirai plutôt : le mariage bien assorti entre personnes qui s’aiment est le voyage vers l’idéal de deux êtres humains complétés l’un par l’autre. Séparés, celui-ci n’est qu’une ébauche d’homme, celle-là, qu’une esquisse de femme dans une vallée de larmes.

Depuis l’heure délicieuse à laquelle Françoise et moi nous nous sommes dit nos deux brûlantes amours, la femme me paraît une créature d’élection, une moitié de soi-même. Maintenant je marche vers l’avenir d’un pas leste et assuré. Un poids lourd vient de tomber de mes épaules. C’est bien ici que je constate que « l’univers est un reflet de l’âme ». Un éblouissement de lumière m’enveloppe ! Une chaleur tiède m’amollit ! Mon état me semble celui d’une personne que la souffrance aiguë meurtrissait hier et qui ne ressent plus aucune douleur