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Or, l’usure par le prêt d’argent, est devenue aujourd’hui la clé de voûte de notre édifice économique. Si nous ne voulons pas qu’il s’écroule par l’épuisement de tous au profit de quelques-uns, cherchons au moins le remède nécessaire dans une méthode plus rationnelle de l’impôt.



Si le capital, pris dans son sens général, remplissait son rôle naturel, bienfaisant, tels que l’ont compris les grands législateurs, la paix règnerait sur la terre avec une égalité relative entre les hommes. On ne verrait pas, au moyen de la spéculation et de l’usure, des amas de richesses accumulées en quelques mains au détriment de tous. N’y a-t-il pas eu, dans l’antiquité, une application de cette idée, dans les provisions de denrées et notamment de blé, dont parle la Bible ? Sans esprit de lucre, on réunissait durant les années d’abondance, d’immenses provisions pour éviter les effets des années de disette pouvant survenir. On fait encore aujourd’hui l’application de cette méthode dans divers cantons suisses. À côté des gares se voient d’immenses greniers remplis de blé, quelque fois même de paille et de fourrages destinés à parer aux inconvénients des récoltes mauvaises, et à la subsistance éventuelle des mobilisations militaires. Ces réserves, dûes à la prévoyance de l’État, évitent, dans l’intérêt des petits consommateurs, les effets de la spéculation commerciale et de l’usure capitaliste.

Nous comprenons le capital d’une manière si différente que plusieurs s’étonnent si on leur dit que le ca-