Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/477

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quoi on peut répondre que l’appauvrissement du pays existe actuellement par l’accaparement de la richesse au profit de quelques-uns, et que le pays, ne pourrait que s’enrichir davantage au profit de tous en facilitant l’appropriation du capital entre les mains du travailleur.



La lecture de la brochure de M. Kergall, et généralement de tous les discours, de tous les articles de presse, qui soutiennent la même thèse, laisse la même impression. La classe riche semble tenir ce raisonnement : j’ai la force en mains, puisque j’ai la richesse ; la classe pauvre a la faiblesse puisqu’elle ne possède pas cette arme de combat dans la lutte économique ; je n’ai donc qu’une chose à faire : continuer à me servir, au mieux de mes intérêts, de cette force que j’ai en mains.

C’est ainsi qu’on raisonnait dans le courant du dix-huitième siècle. On s’est aperçu trop tard que la faiblesse devenait peu à peu la force, et que cette force échappait à la classe peu nombreuse qui, par égoïsme, refusait de faire les concessions nécessaires réclamées par la justice. Quelques esprits plus clairvoyants osaient bien conseiller ces transactions nécessaires, à l’époque où une réforme volontaire aurait sans doute calmé les impatiences et les colères. On a eu à se repentir d’avoir manqué les occasions quand il était encore temps d’apporter aux choses les réformes réclamées par la nation presque entière.