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encore près de 3 milliards d’autres impôts à payer par tout le monde, et c’est bien là, comme je l’ai déjà dit, une charge encore suffisante pour engager tout le monde plutôt dans la voie des économies possibles, et de restreindre les dépenses au plus nécessaire.

Serait-il donc au-dessus de nos forces et de nos sentiments, que de consentir un sacrifice, léger, après tout, afin de soulager le sort de la classe bien plus nombreuse qui crée nos richesses ? N’est-ce pas au peuple que pensait le doux poète latin, en inscrivant ce vers :


Deus nobis hæc otia fecit.


Le Dieu qui créait ces loisirs aux familles patriciennes et aristocratiques de Rome, c’était le travail de tout un peuple d’esclaves et de citoyens pauvres. Qui nous donne aujourd’hui des loisirs ? Ce ne sont plus des esclaves sans doute, mais une multitude de travailleurs qui aspirent à avoir aussi quelques loisirs, puisque c’est eux qui en procurent aux autres. Mettons plus de justice dans nos lois ; tout le monde s’en trouvera bien. Les possesseurs seront plus tranquilles sur le sort de leur richesse ; les travailleurs plus heureux pourront aspirer à devenir possesseurs aussi d’une partie de cette richesse qu’ils créent.