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plus-value considérable, tandis qu’en France la moins-value s’aggrave chaque année. Si c’est au fruit qu’on connaît l’arbre, c’est aux conséquences qu’on connaît une législation. Un fait certain c’est que, pris dans leur ensemble, tous les pays où l’impôt a frappé le revenu sous une forme ou sous une autre, où il a épargné le travail, la population s’est accrue, la valeur du sol a augmenté, tous les pays qui entourent la France en sont là ; nous faisons un contraste significatif avec tous les États voisins.

On trouve, chez nous comme ailleurs, certaines individualités plus énergiques, plus intelligentes, mieux douées, se faisant, comme l’on dit, leur place au soleil ; mais ce ne sont pas ces cas exceptionnels qu’il faut considérer. Ce qu’il faut demander à la législation fiscale, c’est une réforme qui permettra à tous les travailleurs honnêtes et de bonne volonté, d’arriver à la petite aisance, sans une sorte de miracle d’énergie et de bonne chance. Les écrivains fameux qui ont laissé leurs pensées dans le livre sacré des Juifs, la Bible, faisaient intervenir la divinité en pareil cas, ainsi que l’expriment ces mots : Esurientes implevit bonis… de stercore erigens pauperem. Aujourd’hui on s’aperçoit bien vite, que c’est à l’homme, par son effort, et par des lois sages, à s’affranchir de la misère. Or il n’est guère possible d’arriver à ce résultat si, par des institutions vicieuses, le travailleur est accablé par une part disproportionnée des charges publiques.

Que l’impôt frappe le revenu dans une proportion plus considérable à mesure que ce revenu s’élève, et qu’il ne touche même à ce revenu entre les mains de