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Et voilà pourquoi, au grand étonnement de jurisconsultes, d’économistes, de polémistes cependant très érudits, j’ai osé émettre cette proposition qui les scandalise, que la société a parfaitement le droit et je dis même le devoir d’apporter un frein nécessaire à la confiscation de la fortune générale par quelques détenteurs du capital.

S’il existe un autre procédé législatif pour empêcher cette fin lamentable, j’en prendrai connaissance avec la plus grande satisfaction — Salus populi suprema lex —.

Il ne s’agit pas non plus de niveler les fortunes ; il s’agit tout simplement d’empêcher, au contraire, les très grosses fortunes d’étendre sur le pays le nivellement universel de la misère. Notre bourgeoisie, du moins celle qui possède les très grosses fortunes, aussi entichée de ses titres de rentes que l’ancienne féodalité pouvait l’être de ses titres de noblesse, comprendra-t-elle la situation et les devoirs qu’elle impose ? La réponse à cette question exercera une influence capitale sur les destinées du pays. J’ajoute ici ce mot par lequel Montesquieu termine le chapitre cité plus haut : « Je le dirai toujours ; c’est la modération qui gouverne les hommes et non pas les excès ».

Le Polybiblion me reproche aussi de n’avoir pas assez envisagé le phénomène de la répercussion de l’impôt qui finit toujours par être supporté par la masse de la nation. Avec notre système actuel, cela est, sans doute, trop vrai, puisque l’impôt, non seulement par répercussion, mais par percussion directe,