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« Le principe même de la propriété vous paraît contestable, et pas respectable d’une façon absolue, car ce n’est pas le respecter que de fixer une limite à ce respect. Vous voici donc, quoi que vous en disiez, en pur collectivisme. »

Je trouve la réponse à cette objection, dans cet adage des jurisconsultes romains, que l’extrême droit est presque toujours l’extrême injustice. L’imperfection humaine est telle, que l’abus est partout à côté de l’usage légitime, si la raison générale, c’est-à-dire la législation, n’apporte une limite à l’emploi que l’individu fait de ce droit. On peut même soutenir que toutes les législations et toutes les institutions n’ont pas d’autre raison d’être que la nécessité de s’opposer aux abus. Et s’il n’en était pas ainsi, il y a longtemps que le droit de propriété, au lieu de profiter à tous, et que le droit politique, au lieu de garantir tous les citoyens, ne profiteraient qu’aux plus forts et aux plus habiles. On trouve le développement de cette idée dans la réponse aux critiques de la société des agriculteurs de France.

« Je suis de ceux qui croient au principe de la propriété, sans en méconnaître les abus qui se produisent parfois ; mais je trouve préférable de supporter ceux-ci, plutôt que d’ébranler le principe. Les abus, d’ailleurs, se corrigent et disparaissent par des procédés naturels, le plus souvent ; ne dit-on pas : à père avare, fils prodigue ».

L’auteur de l’objection reconnaît qu’il y a des abus dans l’application du droit de propriété ; mais il se résigne à les supporter plutôt que d’ébranler le principe. Un principe excellent en lui-même, cesse-t-il