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rêt même des possesseurs des grandes fortunes qui gagneront certainement, en sécurité et en influence, le peu que ces réformes pourraient leur coûter en revenu.

4° « Vous comptez pour rien l’amélioration dans le genre de vie ; s’ils n’avaient pas préféré dépenser leur gain de cette manière, les ouvriers l’auraient épargné, et ils posséderaient davantage à la fin de leurs jours. »

Ceci est-il bien exact ? Êtes-vous entré quelquefois dans ces horribles taudis où grouille, dans une seule chambre, toute une famille, sous un toit ou dans une cave, surtout dans nos grandes villes. Une statistique récente a révélé qu’à Paris, seulement, deux cent mille familles vivent dans une seule chambre, et cinquante mille dans deux chambres ? En France, il y en a plus d’un million. Voilà les logements à bon marché que prépare au travailleur notre joli système fiscal. Il faut avoir le courage de dire les choses telles qu’elles sont, et de remonter des effets à la cause. Certes le mal est grand, et ce n’est pas du jour au lendemain qu’on pourra faire remonter d’un degré seulement dans l’échelle sociale, dans la vie morale, cette quantité trop grande d’êtres dégradés par le vice général de nos institutions. Avec cinq francs par jour, chiffre supérieur à la moyenne des salaires, comment un homme, ayant à pourvoir aux dépenses d’une famille, peut-il épargner une partie de ce gain entamé encore par les maladies, le chômage, les impôts de toutes sortes ? Aussi, la famille disparaît vite dans cette classe des travailleurs, faisant trop souvent cette réflexion que leurs enfants seraient malheureux comme eux.