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très pure. Puisque l’impôt se présente comme moyen, pourquoi ne pas s’en servir ? L’un des sages législateurs de l’antiquité, Solon, avait appliqué ce principe à Athènes, et Montesquieu, qui rappelle cette loi, l’approuve sans hésiter. Ce n’est pas prendre, comme vous le dites, dans la bourse des uns pour mettre dans celle des autres ; c’est simplement demander à ceux qui ont du superflu, et ne rien demander à ceux qui n’ont que le nécessaire. La question du droit de propriété n’est pas, ici, en jeu ; l’impôt est destiné à payer des dépenses qui ont pour but la protection de la propriété.

Tous les législateurs ont parfaitement compris que l’excès du droit de propriété en est, au contraire, la négation. La plus antique législation connue, celle de Moïse, pour empêcher les abus et maintenir les principes du droit, avait, même organisé cette célèbre institution du jubilé qui remettait tous les cinquante ans chaque chose à sa place, et rétablissait les expropriés en possession de leurs biens, et libérait les débiteurs de leurs dettes. C’est bien le moins qu’aujourd’hui, en vertu de ce principe supérieur de la conservation de la nation, la loi intervienne pour empêcher l’accaparement de la richesse par quelques-uns, ce qui amène l’asservissement de tous les autres. Sans l’intervention de la loi, il n’y aurait bientôt plus, chez tous les peuples, que les révolutions violentes pour rétablir l’équilibre rompu par l’avidité des uns et la faiblesse des autres.

2° « Je pense comme vous, qu’il est bon que le nombre des propriétaires augmente, mais je crois que cet état de choses progresse tous les jours, par le simple jeu des forces économiques. »