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Il ressort de ce tableau que Pierre n’a rien fourni ou presque rien à l’enregistrement, et que Paul a dû lui verser plus de 2.000 francs pour un placement identique à celui de son frère.


Ce fait constitue une INIQUITÉ RÉVOLTANTE ! que nos législateurs laissent persister depuis nombre d’années, malgré les réclamations les plus légitimes des cultivateurs. Tout pour l’argent, rien pour la terre ! Et l’on verra les ouvriers palper la bonne petite retraite, pendant que le laboureur se morfondra devant une feuille d’impôts toujours plus lourds.

Voilà pour les acquisitions ; devant l’impôt annuel, mêmes inégalités.

Il a été prouvé que la propriété rurale paye 31,25 % de son revenu, la propriété urbaine 23,25 %, les valeurs mobilières (chemins de fer, etc.) 9,35 %, et enfin la rente sur l’État, seulement 4,40. La propriété rurale paye ainsi moitié plus que la propriété urbaine, quatre fois plus que les valeurs mobilières, sept fois plus que la rente d’État. Et précisément la terre est la valeur qui peut aujourd’hui le moins donner à l’impôt[1].

Il faut encore observer que les valeurs mobilières ne payent que lorsqu’elles rapportent, tandis que la terre paye toujours, même lorsque les intempéries ont détruit la récolte.

  1. Dans son dernier ouvrage, Le Retour à la Terre, (Hachette 1905), M. Méline, page 135, fait remarquer qu’en tenant compte de toutes les charges pesant sur la culture, elle paie 36 % de son revenu, ce qui lui parait encore au-dessous de la vérité. En effet, M. Klotz arrive au chiffre de 41 %. — La fortune territoriale de la France a baissé de 10 %, pendant que la fortune mobilière a augmenté du double.