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Ce n’est pas ici le lieu de développer la genèse et le rôle historique qu’a joué dans le monde le précepte si utile du prêt sans intérêt. Tous les grands législateurs des temps anciens et jusqu’à la fin du XVIIIe siècle ont eu à ce sujet plus de prévoyance que nos législations modernes. L’usure, comme tous les vices et toutes les choses défendues par les lois, a existé de tous temps ; mais, étant proscrite par la loi, elle se cachait, était réprimée sévèrement et ne produisait pas les résultats énormes que nous constatons aujourd’hui. En tout cas, elle n’était tolérée, comme le prescrivait Moïse, que vis à-vis l’étranger, c’est-à-dire l’ennemi, et encore ad duritiam cordis, pour empêcher, sans doute, un plus grand inconvénient, si elle s’était exercée entre nationaux. Il faudrait un volume pour raconter toutes les lois répressives de l’usure à travers toutes les législations juive, grecque, romaine, gallo-franque et française, jusqu’à nos jours. Les écrivains qui se sont occupés de cette question à notre époque, ont reconnu que la suppression radicale de l’usure est impossible, tant le mécanisme économique de la société moderne est fondé sur cette idée fausse, que l’argent doit produire un revenu ; assimiler l’argent à une terre ou une maison, c’est confondre le capital qui se conserve en nature et celui qui se détruit par son usage même.

Ne prolongeons pas davantage cette digression ; tirons en seulement cette conséquence que si notre société ne veut pas périr sous le poids de l’usure, elle doit trouver le mode législatif qui puisse atténuer l’effet de ce poison. L’impôt est là, devant nous, qui aggrave actuellement la situation en ajoutant une charge nouvelle au travail. Le moyen le plus simple,