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millions auront à supporter les mêmes charges et les mêmes amendes en cas d’infraction ou de dissimulation.

Il ne faut pas que nos ploutocrates contemporains puissent se dire persécutés en tant que francs-maçons ou juifs. En France, nous aimons l’égalité ; et du moment que cette égalité existera entre les contribuables, sans tenir aucun compte de leurs partis, de leurs opinions, de leurs croyances, et de leur religion, personne n’aura à se plaindre d’une loi qui s’applique à tous sans distinction. Ces barons de la finance sont aujourd’hui très puissants, il faut en convenir, et ils en donnent la preuve tous les jours. Mais, avec nos rapides changements en politique, leur influence n’a pas grande chance de durer longtemps.

On sent cette influence souveraine dans la direction générale et jusqu’au moindre détail de la législation et de l’administration de notre pays. Ce phénomène tient à notre excessive centralisation, qui a ôté aux citoyens français l’idée et peut-être même la possibilité, dans leur isolement, de réagir contre cette puissance centrale que nous définissons sous le nom de pouvoir. Cette puissance, qui a commencé par le jacobinisme de la Révolution, agissait par la terreur ; puis, sous l’Empire, par cette arme si puissante en France, la gloire militaire ; sous la Restauration, par la pensée religieuse exploitée, disait-on, par les Jésuites ; et sous les gouvernements suivants, par l’argent et l’influence de la richesse. On dirait que notre histoire nous condamne à être toujours entre les mains de quelques-uns ou de quelques autres, surtout en matière de réformes fiscales, puisque, depuis plus de cent ans, on aurait pu répondre à chaque proposition