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d’erreur ou d’omission ? Est-ce que cela bouleverse l’économie ou la discrétion familiale ? Ce qui se passe ainsi tranquillement, et généralement d’une manière très juste, après la mort d’un citoyen, ne peut-il pas se passer tout aussi justement pendant sa vie ?

Dans les pays où cette méthode existe, chaque contribuable adresse, avant le 1er janvier, à son administration, sa déclaration contenant le capital, le revenu, les cas d’exemption qui l’intéressent, puis la répartition de l’impôt se fait l’année suivante, sans trouble, sans indiscrétion, sans vexation. Il est possible que si cette déclaration était exigée de quelques-uns, ceux-ci pourraient se trouver offensés ou vexés du procédé, mais tout le monde étant ainsi sur la sellette, personne n’y fait attention. M. Jules Roche me paraît avoir fait le loup plus gros qu’il n’est ; le méchant fisc a déjà assez de défauts, sans lui en trouver d’imaginaires. Il y a des mécontents et des grincheux partout. On a ri, chez nos voisins, d’un Suisse qui, pour éviter l’impôt sur les revenus, quitta son canton pour s’établir dans un autre où, quelque temps après, on taxa les étrangers comme les nationaux après quelques mois de séjour ; en sorte que le Suisse errant comme on l’appela, revint au gîte, contribuable comme devant.

M. Jules Roche nous donne une peinture du contribuable français qui ne fait pas honneur à notre pays. Il semble que la totalité des citoyens n’a qu’une même pensée : ne rien payer du tout à l’État, ou du moins, lui dérober tout ce qu’il est possible de cacher, absolument comme si l’État français agissait encore aujourd’hui comme à l’époque de la taille, ou pratiquait des razzias, à la façon turque ou arabe. Ne