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CHAPITRE II

La Dîme Royale proposée par Vauban est un premier essai de l’impôt sur le revenu




M. Jules Roche, à l’appui de sa thèse contre l’impôt sur le revenu, cite un passage de l’admirable dissertation de Vauban, développée dans son livre de la Dîme Royale. Or, si l’on examine bien ce passage, il est plutôt contraire à la thèse de l’écrivain. Vauban raconte que, près de Rouen, trente-six paroisses rurales étaient traitées comme banlieue de la ville, en sorte que la taille n’était pas pratiquée, mais que les droits d’entrée des viandes et poissons y étaient payés : c’est l’octroi d’aujourd’hui. Ces droits rapportaient 45.000 livres ; la taille n’aurait guère donné que 25.000 livres. Eh bien ! les habitants de ces villages se trouvaient moins malheureux de payer les droits d’entrée qu’ils pouvaient diminuer en restreignant leur consommation, en ne buvant que de l’eau, en ne mangeant que du pain, que d’avoir à subir le régime de la taille, avec ses risques et ses imprévus. Et, cependant les commis des Aides inventaient tous les jours des prétextes à confiscations. « Si un malheu-