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CHAPITRE XXXII

L’impôt sur la rente aussi juste que tous les autres impôts





Vauban, dans sa Dîme royale, a émis cette idée fort juste que le propriétaire du sol, grevé d’une dette, ne doit payer la dîme que sur la valeur du sol, déduction faite de la dette, et que c’est au créancier à payer la dîme dans la mesure de sa créance. Or, qu’est-ce que la rente sur l’État actuellement ? Sinon une créance de quelques-uns sur l’actif national ? Il est clair comme le jour que l’ensemble des valeurs qui composent l’actif de la nation est diminué des trente milliards, (prenons ce chiffre rond) montant de la rente sur l’État. En bonne justice on devrait même, pour fixer l’impôt de chaque contribuable, diminuer de sa fortune la quote part lui incombant dans ces trente milliards. Si donc les immeubles français bâtis et non bâtis valent quatre-vingt-dix milliards, chiffre moyen donné par les économistes, les possesseurs de ces biens devraient être imposés non pas pour 90 milliards, mais pour 60 seulement. Et l’impôt foncier ou l’équivalent de cet impôt devrait être supporté pour un tiers par les possesseurs de la rente, laquelle est une véritable créance sur l’ensemble de ces biens.