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involontaire des papiers qu’il tenoit entre ses mains. Ceux qui disent qu’après avoir lû cette oraison, ils cherchent encore l’endroit qui fut capable de frapper si vivement un homme tel que Cesar, parlent en grammairiens qui n’ont jamais étudié que la langue des hommes, et qui n’ont point acquis la connoissance des mouvemens de leur cœur. Qu’on se mette en la place de Cesar, et l’on trouvera sans peine cet endroit. On concevra bientôt comment le vainqueur de Pharsale, qui sur le champ de bataille même avoit embrassé son ennemi vaincu comme son concitoïen, a pu se laisser toucher par la peinture de cet évenement que fait Ciceron, au point d’oublier qu’il fut assis sur un tribunal. Revenons à l’interêt general et aux sujets où il se trouve, et qui par là sont propres à toucher tout le monde. Les peintres et les poëtes, je l’ai déja dit, n’en doivent traiter que de tels. Il est vrai que ces artisans sçavent enrichir leurs sujets, ils peuvent rendre les sujets qui sont naturellement denuez d’interêt, des sujets interessans : mais il arrive plusieurs inconveniens à traiter de ces sujets qui tirent tout leur pathétique de l’invention de l’artisan. Un peintre, et principalement un poëte