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usqu’aux sources du Nil en remontant son canal. L’allégorie du Bernin, désigne noblement que le Nil a voulu cacher sa source. Voilà ce qu’on croïoit encore communément à Rome sous le pontificat d’Innocent X quand Le Bernin fit sa fontaine. Il est vrai que les personnes curieuses y devoient avoir déja connoissance des découvertes du pere Manuël D’Almeïda et du pere Hieronimo Lobo, quoique l’histoire de la haute éthiopie du pere Tellez, qui le premier a donné ces découvertes au public, ne fut pas encore imprimée. Elle ne parut que six ans après la mort d’Innocent X. Mais les rélations particulieres que les jesuites portugais avoient envoïées à Rome, et ce qu’en avoient raconté ceux d’entr’eux qui étoient repassez en Europe, devoient y avoir appris déja aux curieux comment étoient faites les sources du Nil qu’on avoit enfin découvertes dans l’Abyssinie. Les faits merveilleux sont encore véritables pour les poëtes de tout genre, long-temps après qu’ils ont cessé de l’être pour les historiens et pour les autres

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