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Un jour, un chien avait volé un gigot de mouton dans un village voisin : il s’en retournait fort content chez lui avec ce butin dans la gueule. Dans le temps qu’il traversait cette rivière, celle-ci lui fit voir dans le fond de l’eau un autre chien qui portait aussi un gigot. Notre chien auquel la cuisse de mouton qu’il tenait lui-même paraissait beaucoup moins grosse que celle qu’il voyait dans la gueule du chien que la rivière lui montrait au fond de l’eau, voulut se jeter sur ce dernier pour s’emparer de cette meilleure proie : il lâche le gigot qu’il tenait, et plonge dans l’eau pour arracher à l’autre chien la proie qu’il envie ; mais les deux gigots disparurent ; la rivière les dévora tous les deux : et notre pauvre chien, tout confus et les oreilles baissées, fut obligé de s’en retourner au logis, le ventre vide.

Pendant que Paramarta et ses disciples, assis à l’ombre des palmiers, passaient leur temps à raconter des histoires au sujet de la rivière, ils

    Chien et de son Ombre, connue en Europe, j’avais cru d’abord qu’elle pouvait bien être une interpolation insérée par Beschie, compilateur de ces contes ; mais je n’ai pas tardé à changer de sentiment, et j’ai connu bientôt que cette fable était originairement indienne, et généralement connue dans le pays.