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différentes affaires qui lui sont adressées en particulier ; et on lui donne le nom de cette salle, comme un titre d’honneur qu’on ajoute à son nom ordinaire, par exemple, un tel, colao, suprême salle du milieu.


Différences des ordres des mandarins.

Ce tribunal qu’on nomme nui yüen, c’est-à-dire, la cour du dedans, parce qu’il est au dedans du palais, est composé de trois ordres de mandarins. Les premiers sont à proprement parler les ministres d’État ; ce sont eux qui voient et qui examinent presque toutes les requêtes que les tribunaux souverains doivent présenter à l’empereur, soit pour les affaires d’État, et qui concernent la guerre ou la paix, soit pour les affaires civiles ou criminelles. Ils lisent ces requêtes, et après les avoir lues, ils permettent qu’on les donne à l’empereur, à moins qu’ils ne trouvassent quelque obstacle, dont ils avertiraient Sa Majesté, qui reçoit ou qui rejette leurs avis, comme il lui plaît, se réservant quelquefois à lui seul la connaissance des affaires, et l’examen des mémoires qu’on lui a présentés.

Les mandarins qui composent le second ordre de ce tribunal, sont comme les assesseurs des premiers : c’est de leur corps que se tirent les vicerois des provinces, et les présidents des autres tribunaux ; on leur donne le titre de ta hio se, c’est-à-dire, lettrés, ou magistrats d’une capacité reconnue, et on les prend dans le second ou le troisième ordre des mandarins.

Les mandarins du troisième ordre s’appellent tchong chu co, c’est-à-dire école des mandarins. Ils sont les secrétaires de l’empereur, et ont soin de faire écrire toutes les affaires dont on délibère dans le tribunal ; on les prend dans le quatrième, le cinquième, ou le sixième ordre des mandarins.


Conseil de l’empereur.

Ce sont là les officiers qui composent le Conseil de l’empereur, et c’est à ce tribunal que s’examinent et se décident la plupart des grandes affaires, à moins que l’empereur ne fasse assembler le Grand Conseil pour en décider. Ce Grand Conseil est composé de tous les ministres d’État, des premiers présidents et assesseurs des six Cours souveraines, et de ceux de trois autres tribunaux considérables. Car outre ce Conseil du dedans, il y a dans Peking six Cours souveraines qu’on appelle Leou pou, dont le pouvoir et l’autorité s’étendent sur toutes les provinces de l’empire. De tout temps il y a eu dans chacune un président, qui est d’ordinaire mandarin du premier ordre, et deux assesseurs qui sont du second ordre ; sans compter les tribunaux subalternes, au nombre de quarante-quatre, qui ont chacun un président, et au moins douze conseillers.

C’est ainsi que ces tribunaux ont été composés sous les empereurs chinois, mais depuis que les Tartares se sont rendus maîtres de la Chine, on a doublé les officiers, tant dans les Cours supérieures que dans les subalternes, et l’on y a mis autant de Tartares que de Chinois. Trait de politique dans le conquérant, qui a trouvé le moyen de faire entrer les Tartares dans l’administration de l’État, sans mécontenter les Chinois qui auraient eu lieu de se plaindre, si on les eût exclu des charges de l’empire.


De la Cour appelée Lij pou.

La fonction de la première de ces Cours souveraines qui s’appelle Lij pou, est de fournir de mandarins toutes les provinces de l’empire, de veiller sur