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De la forme du gouvernement de la Chine, des différents tribunaux, des mandarins, des honneurs qu’on leur rend, de leur pouvoir et de leurs fonctions.



Gouvernement de la Chine.

Le gouvernement politique de la Chine roule tout entier sur les devoirs des pères à l’égard de leurs enfants, et des enfants envers leurs pères. L’empereur est appelé le père de tout l’empire, le viceroi est le père de la province qui lui est soumise, et le mandarin est de même le père de la ville qu’il gouverne. C’est sur ce principe général qui est très simple, qu’est fondé ce grand respect et cette prompte obéissance, que les Chinois rendent aux officiers, qui aident l’empereur à soutenir le poids du gouvernement.

On ne peut s’empêcher d’être surpris lorsqu’on voit qu’un peuple infini, naturellement inquiet, intéressé jusqu’à l’excès, et toujours en mouvement pour s’enrichir, est néanmoins gouverné et retenu dans les règles du devoir par un petit nombre de mandarins, qui sont à la tête de chaque province. Tant il est vrai que l’ombre seule de l’autorité impériale qui paraît dans leurs personnes, a tout pouvoir sur l’esprit de ces peuples.

Dès les premiers temps de la monarchie, les mandarins ont été partagés en neuf ordres différents : la subordination de ces ordres est si grande et si parfaite, que rien ne se peut comparer au respect et à la soumission, que les mandarins d’un ordre inférieur ont pour ceux qui sont d’un ordre supérieur.

Le premier ordre des mandarins est celui des colao ou ministres d’État, des premiers présidents des Cours souveraines, et autres premiers officiers de la milice ; c’est le plus haut degré auquel les gens de lettres puissent parvenir, à moins que pour des services importants rendus à l’empire, l’empereur ne jugeât à propos de leur donner des titres encore plus honorables, comme ceux de comtes, de ducs, etc.


Des tribunaux.

Le nombre des colao n’est pas fixé, mais il dépend de la volonté du prince, qui les choisit comme il veut, et qui les tire des autres tribunaux. Cependant ils ne sont guère que cinq ou six. Il y en a un d’ordinaire parmi eux qui est plus distingué que les autres, et qu’on nomme cheou siang : c’est lui qui est le chef du Conseil, et qui a surtout la confiance de l’empereur.


Tribunal des Colao.

Le tribunal de ces colao se tient dans le palais, à main gauche de la salle impériale, qui est le côté le plus honorable. C’est dans cette salle que l’empereur donne audience quand il paraît en public, et qu’il reçoit les respects et les hommages que les mandarins viennent lui rendre. Comme il a dans son palais plusieurs autres salles magnifiques et superbement ornées, on attribue une de ces salles à chacun d’eux, pour examiner les