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alexandre du sommerard

vrir le talent ignoré, il parvint souvent à le signaler à l’attention du public, si difficile à captiver. Un seul trait peindra cet excellent homme. Il avait acheté à un de nos meilleurs peintres, encore inconnu, un tableau auquel personne n’avait fait attention. Dans le cabinet d’Alexandre du Sommerard, il fut remarqué. Un financier voulut l’avoir, parce qu’il le voyait chez un connaisseur, et offrit de le payer le double de ce qu’il avait coûté. Du Sommerard accepte le marché avec empressement, reçoit l’argent et court aussitôt le porter à l’artiste : « Gardez tout, lui dit-il ; quand vous aurez le temps, vous me ferez une copie ». La vie d’Alexandre du Sommerard est pleine de semblables traits. Il mourut à Paris le 19 août 1842, à la suite d’une douloureuse maladie. Il consacrait ses journées aux devoirs de son emploi et ses nuits à ses études chéries. Sa forte constitution succomba à l’excès du travail, et il fut enlevé à soixante-trois ans, au moment même où il venait d’achever son grand ouvrage.


P. MÉRIMÉE.