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RAPPORT

tion forme aujourd’hui un ensemble complet autant qu’intéressant pour l’histoire de la fabrication française des deux derniers siècles.

D’un autre côté, de remarquables échantillons des faïences exécutées du xive au xvie siècle dans l’île de Rhodes par des ouvriers persans, arrivaient à Paris et faisaient l’admiration de tous les artistes. Trois séries successives réunies dans cette île ont été acquises par l’Hôtel de Cluny et ont formé le point de départ d’une vaste collection qui s’est enrichie de toutes les pièces qui ont pu être retrouvées dans l’île de Rhodes pendant ces dernières années.

Une galerie nouvelle spécialement affectée à ces beaux produits exécutés à Lindos sous les ordres des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem a été récemment ouverte et forme un ensemble imposant auquel sont venues se joindre les belles pièces de la céramique siculo-moresque rapportées par M. Castellani en 1878, les grands et beaux spécimens de la céramique hispano-moresque acquis à la vente de la collection Sechan, à celle des galeries Oppenheim et de Saint-Rémy, — ensemble qui ne comporte pas moins de six cent dix pièces, grandes vasques, plats, aiguières, pots et vases de toutes dimensions, dans lesquels la variété des formes, la richesse des couleurs, la fantaisie du dessin ne le cèdent en rien à l’habileté de l’exécution et qui seront pour nos industries un puissant enseignement, un exemple sûr et un sérieux élément de succès.

Au moment où nous recueillions à Rhodes les derniers spécimens de cette fabrication d’origine persane importée dans l’île par les grands maîtres de Saint-Jean de Jérusalem au commencement du xive siècle, une importante découverte venait doubler la valeur de cette précieuse collection. Un agent consulaire étranger avait pu retrouver et consentait à nous céder les tombes en marbre des grands maîtres français sous l’influence desquels avait été constituée la fabrique de Lindos.

Ces tombes qui sont celles de Dieudonné de Gozon, vingt-septième grand maître de l’ordre en 1346, de Pierre de Corneillan, son successeur en 1354, de Robert de Julhac trentième grand maître, 1374-1376, de Jacques de Milly, trente-cinquième grand maître élu en 1454, de Jean-Baptiste des Ursins, trente-septième grand maître mort en 1476, ce