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XVIII
LE PALAIS DES THERMES

Le contrôle de la Commission des monuments historiques s’étend d’ailleurs sur l’accroissement des collections et sur les acquisitions d’œuvres d’art, en même temps que sur toutes les dépenses nécessitées par l’entretien et la restauration des bâtiments et cette unité d’action qui embrasse les collections aussi bien que les monuments qui en forment le cadre, a été un des premiers éléments de succès pour le Musée de Cluny. Les édifices civils et religieux des temps passés ont tous, en effet, et depuis longtemps, été dépouillés de leur ameublement et des nombreux objets, précieux à tant de titres, qui en constituaient la décoration. Il existait entre ces divers objets, ces meubles, ces motifs d’ornementation et les monuments auxquels ils étaient destinés, une corrélation incontestable, comme le déclarait si bien Viollet-le-Duc lors de la réorganisation des services des beaux-arts en 1878, et l’étude des monuments par les détails de leur mobilier est, on ne saurait le nier, un des éléments les plus appréciables de la science archéologique. La corrélation est intime entre le monument et le mobilier ; et cet ensemble l’Hôtel de Cluny est peut-être en Europe le seul monument qui le présente d’une manière aussi complète à toutes les périodes des temps anciens, du moyen âge et de la renaissance. Aussi, comme l’ajoutait avec tant d’autorité notre éminent collègue, ne saurait-on le désunir sans porter une grave atteinte aux intérêts de l’art comme à ceux de l’industrie, qui est sûre d’y trouver les modèles qui lui sont nécessaires auprès des types d’architecture auxquels ils se rapportent[1].

  1. EXTRAIT DU RAPPORT DE LA COMMISSION INSTITUÉE PRÈS DU MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES BEAUX-ARTS, PAR ARRÊTÉ DU 3 FÉVRIER 1878, POUR PRÉPARER UN PROJET DE RÉORGANISATION DES SERVICES ADMINISTRATIFS DES BEAUX-ARTS(*).

    « Musée des Thermes et de l’Hôtel de Cluny. — On peut s’étonner à première vue, quand on parcourt la liste des musées nationaux, de n’y pas voir figurer le Musée si intéressant des Thermes et de Cluny, qui appartient également à l’État. Mais la Commission a reconnu, que par son origine même, ce musée était dans une condition toute spéciale. Lors-

    (*). Cette Commission se composait de : MM. Édouard Charton, sénateur, président ; le sous-secrétaire d’État, vice-président ; Lambert de Sainte-Croix, sénateur, membre du Conseil supérieur des beaux-arts et de la Commission des théatres ; Tirard, député ; Antonin Proust, député, membre de la Commission des théâtres ; Quicherat, directeur de l’école des Chartes, membre de la Commission des monuments historiques et de la Commission de l’inventaire général des richesses d’art de la France ; Marbeau, conseiller d’État, le vicomte Delaborde, secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts ; Du Mesnil, conseiller d’État, directeur de l’Enseignement supérieur ; Louis de Ronchaud, inspecteur des Beaux-Arts.