Page:Du Cange - Glossarium mediae, T9, 1887.djvu/6

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

indispensable aux savants, auxquels ils facilitent toute espèce de recherche ; cette édition est maintenant très-rare.

On ne conçoit pas le motif qui a pu engager les Bénédictins à supprimer un travail aussi précieux, dans l’édition qu’ils ont donnée, en 1733, du Glossarium mediæ et infimæ latinitatis, si considérablement accru par leurs soins (1)[1], et on ne s’étonne pas moins que dom Carpentier, dans son Supplément en 4 volumes in-folio, publié en 1756, ait négligé de reproduire ces Index, qui, complétés des mots nombreux dus aux travaux postérieurs à Ducange, auraient rendu un grand service à la science. Il serait même à désirer que l’exemple donné par l’illustre lexicographe français, digne continuateur des travaux de Robert et de Henri Estienne, fût généralement adopté pour tout grand répertoire lexicographique.

Nous avons réparé cet oubli de nos prédécesseurs, et sans nous borner à reproduire textuellement le beau et utile travail de Ducange, nous avons ajouté à ses Index tout ce qu’offraient de nouveau les travaux supplémentaires des Bénédictins, de dom Carpentier, d’Adelung et, enfin, de M. Henschel, à qui la nouvelle édition est redevable de tant d’importantes additions, et qui, pour compléter ces Index, a relu la plume à la main le Glossaire latin tout entier.

Les astérisques placés en tête de chaque mot font juger du nombre des additions dont les Index se sont enrichis ; ils égalent presque le travail primitif de Ducange.

Ces Index, ainsi complétés, peuvent donc être considérés comme autant d’Encyclopédies par ordre de matières, où l’ordre alphabétique permet de retrouver facilement dans notre édition tout mot concernant au moyen âge les Mœurs et les Coutumes, l’Agriculture, les Arts et métiers, l’Histoire naturelle, les Dignités et emplois, la Liturgie, les Fêtes et les jeux, la Magie et les superstitions, la Médecine, l’Art militaire, la Navigation, la Musique, les Poids et mesures, les Monnaies, les Vêtements, les Impôts, la Chasse, la Jurisprudence, etc., etc.

Nous avons cru devoir reproduire dans notre édition les Dissertations relatives aux médailles et monuments concernant les Empereurs de Byzance, et nous avons fait graver de nouveau les planches qui accompagnaient ces dissertations, en corrigeant les dessins d’après les monuments qui existent encore.

Ces dissertations  :

De Imperatorum constantinopolitanorum numismatibus Dissertatio ;

Constantini Imp. Byzantini numismatis argentei Expositio ;

Sappirus Constantii Imp. Aug. Exposita ;

se rattachent plus naturellement au Glossarium mediœ et infîmœ Grœcitatis du même auteur ; cependant, comme il les a données à la suite de son Glossarium medioe et infîmœ Latinitatis, nous n’avons pas voulu que cette omission fût reprochée à notre édition, bien que nous espérions pouvoir donner un jour une nouvelle édition du Glossaire Grec de Ducange qui complète la série des grands travaux lexicographiques sur la langue grecque et latine dont la France a le droit de se glorifier (2)[2].
  1. 6 vol. in-fol. 1733. Paris. Osmont plus 4 vol. in-fol. du Supplément, par dom Carpentier.
  2. Aucune nation n’a produit une série de monuments lexicographiques tels que :
    Roberti Stephani Thesaurus linguæ Latinæ, Paris, 1531-1532 ; ce célèbre imprimeur en donna trois éditions la dernière, de 1543, forme 4 volumes in-folio une autre édition a été imprimée à Lyon en 1573, 4 volumes in-folio une autre à Bâle, par les soins de Birrius, 4 volumes in-folio, 1740-43 – les Anglais en ont publié une autre édition, avec de nombreuses additions, en 1734-37, 4 volumes in-folio ; enfin, Gesner et Forcellini ont mis à profit les immenses travaux de Robert Estienne; mais le premier en lui rendant toute justice, et en n’offrant son travail que comme une nouvelle édition du Thesaurus linguæ latinæ de R. Estienne, tandis que l’autre ne le mentionne même pas dans sa préface, et cependant Forcellini a mis largement à profit les travaux de Robert Estienne et de ses prédécesseurs.
    Henrici Stephani Thesaurus Grœcæ linguæ, Paris, 1572, 4 volumes in-folio, réimprimé, sinon totalement, du moins partiellement, par H. Estienne. Une nouvelle édition en a été donnée à Londres, in ædibus Valpianis, avec de nombreuses