Page:Du Cange - Glossarium mediae, T9, 1887.djvu/433

Cette page n’a pas encore été corrigée

EXTRAIT DU JOURNAL DES SAVANTS. etc., que pour avoir l’occasion de publier les documents qu’il avait trouvés aux archives de la Cour des Comptes et au Trésor des Chartres. Toutefois, il est juste de le reconnaître, la plupart de ces documents, que je crois avoir le droit d’appeler hors-d’œuvre, étaient inédits, et même ceux que Carpentier a copiés aux archives de la Cour des Comptes sont d’autant plus précieux aujourd’hui que la plupart des originaux ont été incendiés. Je crois même que M. Henschel n’aurait pas bien fait de supprimer ceux de ces documents qu’on trouve maintenant à leur véritable place dans les volumes de la collection des ordonnances de la troisième race qui ont paru depuis 4766. Outre que l’écenomie d’impression eût été peu considérable, il faut respecter jusqu’aux plus petites susceptibilités du public. Il se défie, et non sans raison, des éditions abrégées et, dès qu’on lui aurait annoncé quelques suppressions, toutes peu nombreuses," toutes bien motivées qu’elles eussent été, il aurait craint que l’arbitraire n’eût présidé à cette sorte d’élagage. La nouvelle édition rédigée par M. Henschel reproduit donc intégralement les dix volumes de la précédente. Mais il s’en faut que cette opération ait été purement matérielle; je vais, dans un court exposé, mettre les savants à même d’en juger. On a tout lieu de croire que les Bénédictins, pour réimprimer le texte de Du Cange, se sont servis d’une édition faite en 4 679, à Francfort, plus commode dans sa forme que celle de Paris, parce qu’on y a mis à leur place les suppléments que ce savant avait ajoutés à la fin de chaque volume. Malheureusement, ils ne se sont pas aperçus que cette édition de Francfort fourmille de fautes, dont un grand nombre ne tendent à rien moins qu’à prêter à Du Cange des erreurs qu’il n’a pas commises. M . Henschel, au contraire, a fait usage de l’édition de Paris, exécutée sous les yeux de l’auteur, ce qui est une amélioration dont on ne saurait refuser de lui tenir compte. Il a fait mieux. A l’époque où Du Cange faisait imprimer le Glossaire, Baluze n’avait point encore publié son édition des Capitulaires (les deux ouvrages ont été imprimés pendant le même temps), et le Glossaire ne cite ces documents, ainsi que les lois barbares, que d’après les anciennes éditions de Du Tillet, Hérold, Pithou, Lindenbrog. On pouvait, avec raison, désirer que la nouvelle édition indiquât où les textes cités se trouvent dans la collection de Baluze et dans celle de M. Pertz, plus récente et plus parfaite encore. M. Henschel est allé au-devant de ce vœu, et, de plus, il a soumis à une nouvelle vérification les citations que Du Cange a faites. Il agit de même pour les textes du droit romain, que l’édition précédente cite d’après l’ancien système, c’està-dire par le premier mot du fragment, sans indication du livre ni du titre. Un grand nombre de passages d’autres auteurs ont été vérifiés aussi. A cet égard il se présentait une difficulté que M. Henschel me paraît avoir résolue d’une manière très-judicieuse. Lorsque, par l’effet d’une vérification dans l’édition même qui avait fourni un texte, il a trouvé la leçon citée, qui cependant lui paraissait vicieuse, il ra laissée subsister, et dans une note il a fait sa remarque, soit d’après son opinion propre, soit d’après celle d’auteurs qu’il ne manque jamais de nommer. Mais lorsque l’édition qui avait fourni le passage cité lui a démontré qu’une erreur avait été commise dans les citations, il n’a point hésité à en faire la correction, parce qu’évidemment il n’a pu entrer dans la pensée de Du Cange ou de ses continuateurs d’altérer les textes parce qu’on doit attribuer la faute ou à un copiste, ou à un ouvrier typographe, et que rétablir le texte véritable c’était se conformer à leurs intentions. L’édition précédente contient beaucoup de renvois d’un mot à un autre, et cela est indispensable dans un ouvrage du genre du Glossaire. M . Henschel a considérablement augmenté le nombre de ces renvois, et ce n’est pas un médiocre service rendu aux personnes qui seront dans le cas de consulter la nouvelle. Indépendamment de ces améliorations, qui suffiraient seules pour assurer à cette édition une supériorité incontestable sur la précédente, il en est d’autres que je dois faire connaître avec plus de détails. On sait que les documents de la première race, et même de la seconde, contiennent un grand nombre de mots qui sont des traductions en formes latines de termes appartenant à la langue des Francs. Des hommes fort instruits, et je nomme particulièrement Wendelin et Eccard, en avaient proposé les explications. Les Bénédictins ont transcrit, avec une prolixité fatigante, toutes celles que ce dernier surtout avait données dans ses commentaires sur les lois Salique et Ripuaire. Les travaux modernes de MM. Eicchhorn, Graff, Grimm et autres, dont l’Allemagne a le droit de se glorifier, ont démontré l’erreur et l’insuffisance de ces explications, et personne ne les admet plus maintenant. M. Henschel, d’après son plan, qui était de ne rien retrancher de l’édition exécutée de 4 733-36 et du supplément de 4 766, a laissé subsister ce que les Bénédictins avaient écrit; mais il a eu soin d’y ajouter des notes pour indiquer les interprétations et les étymologies nouvelles fournies par les savants que je viens de nommer. Il en a donné un assez grand nombre qui lui appartiennent, rédigées avec une concision qui n’ôte rien à la clarté. Les unes et les autres sont marquées d’un signe particulier, pour laisser la plus grande liberté au jugement des lecteurs. Le nombre des ouvrages dans lesquels M. Henschel a puisé des observations et des additions n’est pas considérable mais le choix en est excellent. Je ne parlerai pas d’Adelung, qui, dans un abrégé du Glossaire, publié à Halle, de 4772 à 4783, en six volumes in-8% avait inséré un assez grand nombre de remarques, de corrections, même de mots nouveaux. M . Henschel a reproduit les unes et les autres, en considérant ce savant comme un continuateur de Du Cange, et je crois qu’il a bien fait. Haltaus est, parmi les auteurs de glossaires modernes,