Page:Du Cange - Glossarium mediae, T9, 1887.djvu/430

Cette page n’a pas encore été corrigée

EXTRAIT DU JOURNAL DES SAVANTS JANVIER ET FÉVRIER 1847 COMPTE-RENDU CLOSSARMMEDLEET INÏÏM IATMTATISDE DU CANGE ParM. PARDESSUS, Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Le plus habile grammairien de l’Université entendrait et surtout traduirait très difficilement une grande partie des auteurs du moyen âge et certainement il ne comprendra jamais une seule chartre s’il ignore le sens des mots et des locutions employés par les rédacteurs de ces actes, s’il ne connaît pas les institutions sous l’empire desquelles les parties ont fait leurs conventions, ou les usages que ces mêmes conventions supposent et sousentendent. Les -savants des seizième et dix-septième siècles, qui entrèrent les premiers dans la voie de la publication des documents relatifs à Phistoire et à la législation de la France au moyen âge, les frères Pithou, Bignon, Sirmond (1), reconnurent la nécessité de glossaires dans lesquels seraient données des explications des mots de basse latinité, ou romano-barbares, qui se trouvaient en abondance dans ces documents; et déjà, grâce à leurs travaux, on pouvait entrevoir la méthode qu’il fallait suivre pour comprendre les auteurs du moyen âge par eux-mêmes, pour pénétrer dans le sens et l’esprit des institutions sociales et en suivre les développements successifs. Mais personne n’avait essayé de réunir et de thésauriser en quelque sorte les résultats de toutes ces recherches, surtout de les compléter. La fin du dix-septième siècle vit paraître enfin un ouvrage dont tous les savants sentaient la nécessité, et qu’ils n’osaient presque espérer. Du Cange en conçut le plan et eut le courage de l’exécuter. Il sentit qu’il ne fallait pas se borner, comme les Etienne l’avaient fait pour les études classiques, à recueillir les mots et a en indiquer les diverses significations il crut qu’à l’aide et à l’occasion de ces mots, il serait utile de faire connaître le fond des choses qu’ils désignaient, les usages, l’orga(1) On les trouve dans la collection des Capitulaires par Baluze. DU nisation sociale et religieuse, l’état des personnes et des biens ce qui concernait l’agriculture, les arts, etc. Son Glossaire, qui parut en 1678 (3 vol. in-f°), fut accueilli avec une grande faveur. Dès le mois cBaoût de la même année le Journal des Savants en fit l’éloge dans un article dont l’auteur se borne à rendre un compte détaillé de la préface, qui est elle même un excellent morceau d’histoire littéraire, du plan et de l’ensemble de l’ouvrage, et de quelques articles en forme de dissertations sur des usages très curieux et peu connus du moyen âge. C’était tout ce qu’on pouvait dire encore. Un glossaire n’est pas un livre de nature à être lu d’une manière suivie, qui permette de l’analyser et de le faire connaître dans toutes ses parties il ne peut qu’être consulté au besoin le temps seul peut en révéler le mérite et en assurer la réputation. Cette épreuve ne tarda pas à être favorable à Du Cange. Le célèbre Mabillon, à qui le genre de ses travaux donna promptement occasion de consulter le Glossaire, en. proclama le mérite et l’utilité, et, dans la préface de son traité De Re Dzplomatica (1681), s’adressant à Du Cange, il désigne le Glossaire par ces expressions «  Amplissimus liber, omnibus apertus, de omnibus « agens, ex quo, quantum profecerim, malo alios quam « te judicare.  » Ce n’était pas seulement dans sa patrie que Du Cange obtenait ces justes éloges ils lui furent décernés dans les pays étrangers. Bayle s’en rendit l’interprète lorsque, dans la préface de la première édition du Dictionnaire de Furetière, qui a paru en 4 691, il s’exprima ainsi < Où. est le savant, parmi les nations les plus fameuses pour l’assiduité au travail et pour la patience à copier et à faire des extraits, qui n’admire là-dessus les talents de M. Du Cange, et qui ne l’oppose à tout ce qui peut être venu d’ailleurs en ce genre-là ?Si quelqu’un ne se rend