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DE CHARLES DUFRESNE DU CANGE. vii

ments en un volume in-folio. Parmi les articles préparés se trouvent : une Généalogie des comtes d’Amiens ; l’Histoire de la ville d’Amiens ; l’Histoire des Baillis d’Amiens ; l’Histoire des comtes de Montreuil, de Ponthieu ; l’Histoire des vicomtes d’Abbeville, des seigneurs de S. Valleri, de la ville de Calais, de la Tour d’Ordo, de plusieurs abbayes, etc.

Il a laissé une histoire des Evêques d’Amiens jusqu’en 1400, accompagnée d’un précis qui permettrait de la conduire jusqu’au XVIIe siècle. Il a aussi rédigé un traité historique du chef de St Jean Baptiste, imprimé en 1665.

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Travaux qui n’ont pas un rapport direct
avec l’Histoire de France.

MANUSCRITS.

Du Cange, en se livrant à ses recherches sur l’Histoire de France, avait rencontré de nombreux documents étrangers à son sujet. Lorsqu’ils lui paraissaient offrir un certain intérêt, il les mettait en réserve. C’est ainsi qu’il prépara un Mémoire sur le noblesse d’Angleterre, et une Histoire des familles Germaniques. ce dernier manuscrit contient des recherches sur les marquis et ducs d’Autriche, sur les rois de Hongrie, de Bosnie, d’Esclaronie, de Corinthe, de Dannemarc sur les ducs de Frioul et de Spolete, sur les princes de Salerne, etc.

Il a aussi laissée un Traité des Oracles en soixante-dix articles qui sont, en partie, rédigés.

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OUVRAGES IMPRIMÉS.

Colbert eut la grande et patriotique pensée de publier une collection des Historiens de la France. Ce projet fut unanimement approuvé. Du Cange possédait tous les droits à la direction de cette publication nationale, mais il n’était pas courtisan. Il exposa son plan de la manière la plus complète, et dom Bouquet déclara que c’était le meilleur à appliquer.

Colbert ne partagea pas les idées de Du Cange qui, de son côté, selon l’expression du P. Lelong. « soutint

« son sentiment avec tant de fermeté qu’il encourut

« la disgrâce du ministre.

Cette discussion avait lieu en présence d’une réunion d’historiens et, disons-le avec regret, aucun n’osa contredire le puissant ministre. Du Cange, qui avait consacré plus de cinquante années de son existence à l’étude de l’Histoire de France, dut éprouver un profond chagrin de voir son projet si injustement écarté : mais son caractère étant trop ferme pour qu’il manifestât le moindre dépit. « Eh bien, dit-il, je ferai seul ! » et il se remit

courageusement au travail. Inutile de faire ressortir la grandeur de cette détermination.

Les extraits qu’il avait eu l’excellente idée de faire de toutes ses lectures, lui furent alors d’un immense secours. Il était ainsi parvenu à réunir, sous forme de bulletins, une prodigieuse quantité de renseignements les plus divers, qu’il avait classés dans son Nobiliaire.

Un répertoire contenait une Table générale de ses lectures, où figuraient plus de cent mille noms, sans compter les autres articles rangés sous les titres de Res et Urbes. Du Cange parle en termes modestes de ce gigantesque travail, dans une note placée au commencement du Nobiliaire. « Mémoires indigestes, dit-il, pour dresser

« un Nobiliaire de France tel que je l’avais commencé

« dans le volume in-folio qui en contient une petite

« partie, et dans un autre in-4o où j’avais voulu ranger

« les dignités qui requéroient moins de discours ; mais

« comme cet ouvrage est trop vaste, et que, d’ailleurs,

« je me suis trouvé engagé dans le Glossaire, j’en ai

« abandonné le dessein. Ces mémoires ne sont pourtant

« pas inutiles, et on en peut aider ceux qui voudroient

« travailler à cette entreprise, et même ceux qui écrivent

« les histoires de leurs provinces.

C’est de ce Nobiliaire que Du Cange tira son Glossarium mediae et infimæ latinitatis. Il pensait d’abord que deux volumes suffiraient pour cet ouvrage, mais il fut bientôt convaincu qu’il faudrait, afin de le rendre complet, lui donner beaucoup plus d’étendue. Il développa les notes recueillies dans son Nobiliaire puis, il se remit à compulser les cartulaires, les chartres, les anciens titres de toute nature ; il en extrayait les noms de lieux et de familles, les dates, les faits, les traits singuliers pour les moeurs, les anciens usages, les vieilles coutumes ; il recueillait les mots barbares introduits dans la langue latine pendant le moyen age, et les expliquait de la manière la plus claire, afin de les rendre intelligibles à tous.

Il classa par ordre alphabétique les articles qu’il avait destinés à des travaux spéciaux, et en fit des Traités sur une foule de matières, rentrant toutes dans le cadre de son Glossarium. Cet ouvrage ne fut plus simplement un dictionnaire de la basse latinité, comme il l’avait d’abord projeté, mais une vaste encyclopédie des connaissances historiques et linguistiques du moyen âge. Ce travail lui demanda à peine deux années, et parut en 1678. Quelques-uns de ses rivaux, dont les noms obscurs ne sont même pas parvenus jusqu’à nous, critiquèrent le Glossarium ; mais Du Cange, loin de s’en émouvoir, déclara hautement qu’il n’avait pas eu la prétention d’exécuter une œuvre parfaite, et qu’il s’estimerait très heureux si l’on ne trouvait dans son Glossarium que mille fautes. Cette réplique imposa silence aux malveillants qui n’avaient, hâtons-nous de le déclarer, rencontré aucun écho.

« La préface du Glossarium, dit M. Henri Hardouin (1)[1] renferme un traité complet des langues, des mœurs, des

  1. Essai sur la vie et les ouvrages de Ch. Du Cange par H. Hardouin. – Amiens 1849.