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tive, a subi des pertes irréparables. Un volume in-folio a disparu, et n’a jamais pu être retrouvé. Charles Du Fresne d’Aubigny donne une idée de la valeur de ce Nobiliaire, en assurant qu’il excitait l’admiration d’un illustre magistrat, qui avait cru avoir réuni tous les documents relatifs à la généalogie de la Maison de Melun, et dont la surprise fut extrême en rencontrant, dans ce Nobiliaire, cinquante-deux titres échappés à ses recherches. Cette admiration fut partagée par tous ceux qui compulsèrent ce Nobiliaire, dont toutes les parties sont traitées avec le même soin. Nous citerons l’article des ducs de Lorraine. L’auteur remonte à Thierri, l’un des quatre fils de Clovis, puis il raconte les faits accomplis sous la première race de ces ducs ; il étudie ensuite leur seconde race, depuis Carloman, prince d’Austrasie, fils aîné de Charles-Martel, jusqu’à l’empereur Arnoult qui, dans une diète tenue à Worms, en 895, investit de la Lorraine son fils bâtard Zuentibolde ou Zuentelboch. L’histoire de ce dernier duc était restée pleine de confusion et d’incertitude. Du Cange, avec sa pénétration habituelle, sut dissiper toute obscurité et rétablir les faits sous leur véritable jour. Il a aussi relevé, avec exactitude, la division territoriale si peu connue de la Lorraine. Ensuite, il trace l’historique de la Basse-Lorraine, depuis Charles-de-France jusqu’à Godefroi. comte de Louvain. Il fournit des renseignements inédits sur les ducs de la Haute-Lorraine, depuis Frédéric, comte de Gerbert, jusqu’à Gérard d’Alsace, mort en 1070. Ce travail est accompagné de soixante-dix renvois aux historiens de la Lorraine. Ces renvois facilitent les recherches et permettent de constater l’authenticité de faits, lors même que les titres à l’appui ont disparu.

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Histoire
des Grands Officiers de la Couronne.

L’Histoire des Grands Officiers de la Couronne est le sujet d’une étude très étendue, de la part de Du Cange. Il a réuni une foule de matériaux pour l’Histoire des grandes et moyennes dignités. La table reproduite par le Journal des Savants, dans son numéro de décembre 1749, prouve que cet ouvrage était supérieur à celui donné par le P. Anselme. Mais nous avons, là encore, des regrets à exprimer ; car les parties principales de ce manuscrit n’existent plus.

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Traité du Droit des Armes.

Afin de compléter son Nobiliaire, Du Cange rédige un traité sur les Armoiries, divisé en trois parties. La première est l’art de déchiffrer l’écu d’armoiries, les couleurs et les pièces qui le composent. La seconde partie est l’art de reconnaître par les Armoiries les familles nobles aux-


quelles elles appartiennent. La troisième partie démontre l’utilité de la science, de l’origine, du droit et de l’usage des armes.

Dans les deux premières parties traitées déjà par plusieurs auteurs, Du Cange se borne à un simple dénombrement ; mais il s’est livré à de nombreuses recherches, au sujet de la troisième partie.

Ce Traité du droit des Armes contient cinquante huit dissertations, plus ou moins terminées, qui présentent l’érudition de Du Cange sous un nouvel aspect. Après avoir cité les auteurs grecs et latins qui se sont occupés du droit des Armes, il expose les principes du droit Lombard, Gothique, Germanique, Bourguignon et de l’ancien droit François. Le chapitre sur les marques héréditaires des familles chez les anciens renferme des aperçus d’une extrême justesse. Nous devons citer aussi le chapitre des Armoiries, en losanges, des femmes et des filles, où il est démontré que « le losange repré-

« sente le fuseau, qui est le bouclier de l’honnête femme,

« de même que la quenouille est appelée son épée,

« gladius mulieris. »

A l’appui de cette opinion, il fournit les explications les plus précises qui ne laissent aucun doute sur l’exactitude de cette démonstration.

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Armorial général.

On sait que Du Cange appuyait tout ce qu’il écrivait sur des preuves irréfutables. Les Généalogies exigeaient des centaines de volumes de preuves, mais l’auteur résolut cette difficulté en remontant aux sources de la noblesse. Pour arriver à ce résultat, il n’hésita pas à dépouiller les comptes des anciens Trésoriers, et à faire des extraits des rolles de montres militaires et des cartulaires. Ces extraits forment cinq volumes in-folio, avec une table analytique.

Le relevé des montres et revues militaires forme deux volumes in-folio, depuis l’an 1200 jusqu’en 1515. Plusieurs parties de ce relevé ont été perdues, mais il en reste un volume complété par dom Pernot.

Du Cange, malgré tous ses efforts, n’a pu réaliser complètement sa pensée de faire une histoire générale de France. Il est parvenu à réunir une foule de documents, mais la vie d’un seul homme ne pouvait suffire pour l’exécution de cet immense travail. Cependant, nous ne devons pas moins lui accorder notre reconnaissance pour les précieux matériaux qu’il a sauvés d’une destruction certaine.

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Histoire de la Picardie.

Du Cange, né en Picardie où il résida longtemps, conserva toujours un vif attachement pour cette province. Il voulut en écrire l’histoire et réunit des docu-