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iv NOTICE SUR LA VIE ET LES OUVRAGES

crits, et des plans à consulter. L’auteur donne l’emplacement des monuments, mais sans entrer dans des détails historiques à leur sujet ; il les réserve pour un autre ouvrage dont nous allons parler.

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Histoire de France divisée en Epoques.

Du Cange divise l’Histoire de France en sept époques qui peuvent se réduire à cinq, parce que la sixième et la septième ne sont que des annexes de la cinquième.

La première époque, celle de l’Etat des Gaules avant les Romains, renferme dix-sept dissertations sur les Gaulois, leur origine. leur culte, leurs armes, leurs mœurs, etc. Ces dissertations, restées à l’état de simples notes, n’en sont pas moins de précieux documents à consulter.

La deuxième époque comprend l’Etat des Gaules sous les Romains. Treize dissertations presque complètement terminées font connaître le gouvernement des villes, les colonies, les municipes, les préfectures, les préteurs, enfin l’organisation politique, municipale et financière de la Gaule sous les Romains. Tous les écrivains qui se sont occupés de cette époque, ont puisé de nombreux renseignement, dans ces dissertations et, parfois, ont oublié d’en indiquer la source.

L’Etat de la France sous les Rois de la première race, est le sujet de la troisième époque, qui comprend une vingtaine de dissertations. Celle donnant l’explication du nom de France, est presque terminée. Quatre autres sur la forme du gouvernement des provinces et des villes de la Gaule sous les François, sur les Ducs, sur les Comtes et sur les Missi Dominici, sont achevées. Les autres dissertations ne sont que des notes.

La quatrième époque ou l’état de la France sous la seconde race, se compose de trente-sept dissertations sur les Nobles, les Chevaliers, les serfs, les fiefs, les investitures, enfin sur toute l’organisation féodale. Ces dissertations, sauf quatre, ne sont que des études préparatoires.

La Cinquième Epoque étudie l’Etat de la France sous la troisième race ; elle doit être, comme nous l’avons fait remarquer, réunie à la sixième et à la septième époque, concernant les Croisades et le règne de Saint-Louis. Cette cinquième époque contient des dissertations sur l’état général de la France, sur les douze gouvernements, sur les Etats Généraux, sur les Cours supérieures, sur les Ordres militaires, sur les Ordres religieux, etc.

La sixième époque embrasse le temps des Croisades. L’auteur s’est attaché à mettre en évidence les hauts faits exécutés en Orient par les François ; les documents qu’il est parvenu à recueillir forment plusieurs ouvrages. Le premier a pour titre : Histoire des Familles d’Orient ou Histoire des familles d’Outre-Mer. C’est l’Histoire des royaumes de Jérusalem, de Chypre, d’Arménie et des


autres royaumes possédés en Orient par des Rustines françaises qui avaient pris part aux Croisades.

Du Cange, après avoir tracé avec une plume savante l’histoire de Jérusalem, montre ce royaume divisé en quatre baronnies : Jérusalem, Tripoli, Antioche et Edesse. Il en relève les limites, et expose l’organisation féodale du gouvernement ; les seigneurs prêtent foi et hommage à leurs suzerains et possèdent des vassaux. Il termine par une Histoire des Rois de Jérusalem, depuis Godefroy de Bouillon jusqu’au moment où Henri, fils puiné du roi Hugues III, abandonna la Terre-Sainte, en 1291.

L’Histoire de Chypre remonte à la création de ce royaume par Richard d’Angleterre jusqu’à la cession faite, en 1489, par Catherine Cornaro aux Vénitiens, qui perdirent cette île en 1570.

Du Cange constate, par des faits et des titres, que le royaume d’Arménie remplissait un rôle important, à cette époque. Il démontre qu’il existait, alors, quatre Arménies : la Majeure, la Mineure, la Moyenne et l’Arménie Latine, c’est-à-dire la Cilicie. Les historiens qui se sont occupés de cette dernière contrée, pensent que la Cilicie avait secoué le joug des Grecs avant le règne de Basile-le-Macédonien. Du Cange confirme la justesse de cette observation et donne la chronologie des Princes qui ont régné sur la quatrième Arménie jusqu’au roi Léon de Lusignan V, mort à Paris, le 29 novembre 1393. Il place, à la suite de cette chronologie, quatre-vingts articles classés par ordre alphabétique, contenant : 1° l’Histoire des Princes et Seigneurs fieffés des royaumes de Jérusalem et de Chypre ; 2° des Notices sur les Familles Nobles fixées dans ces deux royaumes, et sur les Grands Officiers des trois royaumes.

Cet ouvrage renferme, en outre, une Dissertation sur la Syrie Sainte, l’Histoire des deux patriarcats de Jérusalem et d’Antioche, et celle des Archevéchés et Evêchés dépendant de l’un et de l’autre, avec celle des Abbés et Abbesses de la Terre Sainte. Puis, vient une Notice des Eglises de Chypre, avec l’Histoire des Archevêques et Evêques latins qui ont siégé dans cette île. Enfin, ce travail se termine par l’Histoire : 1o des Grands Maîtres du Temple ; 2o des Grands Maîtres de l’Hôpital ; 3o et de l’Ordre Teutonique, dont les statuts étaient empruntés, pour tous les règlements militaires, à celui du Temple et, pour les prescriptions ecclésiastiques, à celui de l’Hôpital.

Le précieux manuscrit des Familles d’Outre-mer, qui est d’un si haut intérêt pour l’histoire de la population franco-orientale, établie pendant plusieurs siècles dans la Terre Sainte, était resté inédit. M. de Mas-Latrie, qui s’est livré à de profondes études sur le royaume de Chypre, et M. Taranne, conservateur de la bibliothèque Mazarine, furent chargés, en 1854, par M. de Parieu, alors ministre de l’instruction publique, de publier le manuscrit des Familles d’Outre-mer. Les recherches historiques auxquelles M. de Mas-Latrie se livrait alors, ne lui permirent pas de réviser ce manuscrit et M. Taranne mourut avant d’avoir pu remplir cette mission. Ce projet ne fut repris qu’en 1860. M. E. Rey venait de rentrer en France après avoir rempli une mission scientifique en Syrie et dans l’île de Chypre ;