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Si la loi est restrictive à propos de certains degrés de consanguinité, elle est muette dans les cas pathologiques où le mariage est un danger manifeste que la moindre prévoyance suffirait à conjurer. M. le docteur Trélat, dans son livre sur la Folie lucide, demande que le pouvoir législatif intervienne pour empêcher les unions avec les familles atteintes de certaines affections nerveuses et mentales. Il y a là en effet un péril grave qui mériterait qu’on s’en préoccupât ; mais comment résoudre ces difficultés, et sur quelles données établir une règle pour des matières si délicates ? La ruse et l’intérêt déjoueraient bien vite toutes précautions, car il n’y a pas de fait humain qui engendre plus de fraudes, plus de mensonges que le mariage. Des gens fort scrupuleux pour tout le reste n’hésiteront pas à marier une fille scrofuleuse, qu’on accouplera peut-être avec un garçon imbécile et ruiné. Les mères, qui considèrent le célibat comme une honte pour leurs filles, ne reculent devant rien pour leur trouver un mari : faux renseignements sur la fortune, sur la santé, sur la filiation, sur ce que l’hypocrite langage du monde appelle des espérances, fausses appréciations des mœurs, du caractère, rien n’est oublié, tout est mis en œuvre pour parvenir à un mariage qui sera malheureux et d’où sortiront des avortons rachitiques. Les seules considérations dont on tienne compte sont d’un ordre médiocre ; l’union entre deux êtres également jeunes, sains, intelligents, est un spectacle fort rare et que l’on ne voit guère à Paris ; c’est peut-être à cela qu’il faut attribuer la faible proportion que nous avons remarquée dans les naissances et les décès précoces qui frappent si brutalement les enfants en bas âge.

Les événements qui amènent une perturbation dans la vie des peuples exercent une influence plus directe encore sur les mariages que sur les naissances. Les ma-