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nuit. On essaye d’en sortir, et l’on en sortira. Ce ne sera pas facile, car les deux dépôts contenaient en moyenne 10 millions d’actes, et il faut en reconstituer au moins trois ou quatre millions pour faire face aux exigences prévues. Des lois votées par l’Assemblée nationale le 10 et le 19 juillet, le 23 août 1871, le 12 février 1872, ont prescrit dans quelle forme et dans quel délai cette œuvre essentielle, importante entre toutes, devait être accomplie. On n’a pas compté avec l’insouciance parisienne ; le terme fixé primitivement par la loi est dépassé, on travaille toujours sans relâche, et l’on n’est pas près d’avoir fini.

La préfecture de la Seine, à laquelle incombait la besogne principale, a établi deux services chargés de réunir tous les documents authentiques à l’aide desquels il est possible de rétablir sérieusement les actes détruits : l’un fonctionne à la Bourse, dans les salles de l’ancien tribunal de commerce[1] ; l’autre grelotte à l’archevêché, dans une antichambre coupée en deux et dans une moitié de remise. Le service de la Bourse est très-vaste, il occupe un nombre considérable d’employés, et il a centralisé entre ses mains tous les actes que l’élément civil a pu lui fournir. Les ministères, les grandes administrations, les facultés, les greffes de justice de paix, les greffes des tribunaux dépositaires d’actes annexés à des preuves matrimoniales, ont envoyé les pièces qu’on leur demandait ; la chambre des notaires s’est signalée par un zèle exceptionnel et a remis la meilleure part des actes que l’on utilise aujourd’hui. Quant au public lui-même, à l’individu, il est resté indifférent toutes les fois que son intérêt direct n’a pas été compromis : il est venu réclamer avec insistance tous les actes dont il

  1. La reconstitution des actes de l’état civil a cédé le local de l’ancien tribunal de commerce à un bureau télégraphique et s’est installée dans un autre local du palais de la Bourse (1875).