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sidérable fourni par les manufactures de tabacs, et qui est une ressource très-importante pour nos finances, a fait imaginer une combinaison par laquelle l’État s’empare du monopole d’un grand nombre de denrées indispensables, telles que les savons, les draps, les huiles, les papiers et les métaux. Si l’on ne respecte pas les industries privées, on ne respecte guère les charges privilégiées : les notaires, les agents de change, les avoués, les commissaires-priseurs cèdent la place à des fonctionnaires chargés de faire la besogne, nommés, payés, au besoin révoqués par l’autorité municipale de la commune dans laquelle ils exercent.

Comme on le voit, la part de l’État est assez belle, il saisit les œuvres vives de la nation, et grâce au monopole, devenu une sorte de dogme obligatoire, il est le maître et le directeur de nos destinées ; mais par ce moyen il ne s’empare pas du « capital », il le détruit. Une fois que ce travail est opéré — et les initiés affirment qu’un trait de plume suffira — la classe ouvrière intervient et demande à faire valoir ses droits. Elle trouve juste que la race agricole soit rendue propriétaire du sol qu’elle cultive, et elle demande pour elle-même le droit exclusif d’exercer l’industrie qu’elle soutient de son travail. Le moyen est facile, on l’a employé pendant la Commune ; à l’aide d’un arrêté de confiscation, on dépossède les patrons et l’on remet l’exploitation de leurs usines à une association d’ouvriers ; rien n’est plus simple en vérité, et cette vieille histoire a été racontée depuis longtemps dans la fable les Membres et l’Estomac.

Si l’on peut agir de la sorte pour les grandes industries, il n’en est plus de même lorsque l’on se trouve

    motion suivante : « Le gouvernement devra se faire, au profit de la nation, premier manufacturier, directeur suprême de toutes les industries, avoir une seule caisse et une seule direction pour elles. »