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tête et ne pouvaient l’atteindre ; il répétait cela comme un soldat répète un mot d’ordre qu’il a reçu et qu’il n’a pas compris ; c’était pour lui non un motif, mais un prétexte à révolte, et, comme il n’a jamais demandé plus, cela lui a suffi.

Le peuple — dans toute partie du globe et dans tout incident de l’histoire — est une force élémentaire, inconsciente et confuse, qui est toute-puissante pour la décomposition et ne peut rien créer ; exclusivement animé d’intérêts individuels, il ne voit pas les choses dans leur ensemble ; il en a parfois l’instinct, jamais l’intelligence. La population de Paris n’échappe pas à cette loi générale ; quoi qu’elle ait fait, quelles que soient les idées qu’on ait tenté de lui inculquer, elle a toujours penché du côté de ses mœurs. Il me semble que Chateaubriand a formulé l’opinion que l’on peut avoir du Français, et par conséquent du Parisien, lorsqu’il a dit : « La liberté est pour lui un sentiment plutôt qu’un principe ; il est citoyen par instinct et sujet par choix, » — par habitude serait plus exact.

La loi de l’atavisme n’est pas, en effet, seulement physiologique ; elle a une influence morale que l’on soupçonne, que l’on étudie et que la science finira par constater. Cette loi agit sur la nation française et n’est point étrangère à ses incohérences politiques. Nous avons reçu par héritage les habitudes de nos ancêtres, et, quoique bien souvent nous ayons essayé de les briser violemment, nous y sommes toujours retournés, directement ou indirectement, entraînés par une sorte de tendance congénitale. Ce n’est pas en vain pour nous que la France a vécu pendant des siècles sous le droit royal, qui non-seulement n’était pas contesté, mais qui était respecté avec un amour instinctif et naturel. Or qu’était-ce que le droit royal ? Bossuet nous l’a dit : L’autorité royale est absolue. Le prince ne doit compte